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L’Abbé Iborra est vicaire à la paroisse Saint-Eugène dans le IXe arrondissement de Paris.
La manifestation contre le projet de loi de « mariage pour tous » qui tombe, non sans ironie du calendrier, en la fête de la S. Famille, me donne l’occasion – en cette année de la foi dont il ne faudrait tout de même pas oublier l’importance – d’illustrer une distinction théologique capitale : la distinction entre revelata et revelabilia, qui remonte à S. Thomas d’Aquin et qui a été accueillie par le Magistère au concile de Vatican I. Les revelata sont les choses inaccessibles à la raison humaine et que Dieu est strictement obligé de révéler pour nous les faire connaître. Par exemple le mystère de la Trinité ou la divinité du Christ. Les revelabilia, nous dit le catéchisme, citant Pie XII, ce sont « les vérités religieuses et morales qui, de soi, ne sont pas inaccessibles à la raison mais qui sont quand même révélées pour qu’elles puissent être, dans l’état actuel du genre humain, connues de tous sans difficulté, avec une ferme certitude et sans mélange d’erreur » (CEC 38). C’est dans cette catégorie qu’entre le mariage, institution destinée à pérenniser la société humaine par la génération d’enfants confiés à la garde de ceux qui, dans leur foyer, leur ont donné la vie pour les éduquer et en faire des adultes responsables.
La manifestation du 13 janvier ne défend donc pas un article de foi, quelque chose qui relèverait des seuls revelata. Elle n’est donc pas confessionnelle et ne concerne donc pas que les seuls chrétiens. D’où la réserve de certains évêques dont les encouragements se sont faits discrets... C’est une manifestation qui défend une vérité d’ordre naturel, mais suffisamment fragile aujourd’hui dans les consciences de beaucoup pour que les chrétiens, mieux formés, volent à son secours, une vérité qui relève donc des revelabilia. Les chrétiens vont donc agir aujourd’hui au service de tous. D’où les encouragements très vifs d’autres évêques que nous reconnaîtrons tout à l’heure dans la rue... Nous allons donc manifester en tant que citoyens défendant une vérité de droit naturel, accessible à la raison de tous, mais dont nous sommes d’autant plus sûrs, nous, qu’elle a été confirmée surnaturellement par la révélation divine transmise par les saintes Ecritures et la Tradition sacrée. Les Ecritures n’envisagent en effet de mariage qu’entre un seul homme et une seule femme, pour toute la vie, et elles stigmatisent l’adultère et les autres types de relation sexuelle hors mariage. Quant à la Tradition, elle a élevé surnaturellement l’institution naturelle du mariage au rang de sacrement de l’union du Christ et de l’Église (cf. Eph 5).
Il est pénible de devoir rappeler ces évidences par une manifestation – surtout en hiver – à ceux qui sont censés nous gouverner. Ce sont pourtant des gens qui sont allés dans les écoles, figurez-vous, des gens qui doivent être bien meilleurs que nous puisqu’ils prétendent être nos chefs. Notre candeur démocratique s’interroge. Et elle réagit. Saisissant – horresco referens – l’arme du Nombre. Le Nombre, divinité aussi répugnante, certes, qu’un orc du Mordor. Car nous savons bien, nous à Saint Eugène, que ce n’est pas le nombre qui fait la vérité. Ceux d’en face le savent aussi, figurez-vous. Car c’est une infime minorité d’activistes qui par tous les moyens – mensonge, intimidation, violence – cherche à manipuler les masses pour pouvoir abriter ses lubies derrière l’idole démocratiquement révéré du Nombre dont ils se sont faits les apparents et hypocrites serviteurs.
Encore une fois, même si nous savons que ce n’est pas une majorité qui fait la vérité, même si nous savons – pire encore – que nos adversaires peuvent ne pas tenir compte d’un nombre qui leur devient soudain défavorable et ainsi révéler leur véritable nature totalitaire, ne leur laissons pas le loisir de se servir de l’idole du Nombre à leur seul avantage. Soyons nombreux, ne serait-ce que pour faire réfléchir ceux, innombrables, dont la conscience a été chloroformée depuis des décennies par les promoteurs de toutes ces prétendues avancées sociétales qui pourrissent notre civilisation occidentale et détruisent l’humanité de l’homme.
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