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[J. OUSSET] La soif de justice des Béatitudes est-elle promesse de consolation ou appel à la résignation ?

Chaque mercredi, le Rouge & le Noir publie un extrait de Jean Ousset (1914-1994). Ces extraits ont pour objectif de répondre à une question, en se fondant sur les Ecritures.

La soif de justice des Béatitudes est-elle promesse de consolation ou appel à la résignation ?

Quelle est cette faim et cette soif de justice qui torturent ceux qui pleurent ? Sommes-nous ardents à en souffrir en voyant les malheurs de notre société et le triomphe de la culture de mort ? Sommes-nous en vérité des obsédés de la justice ?

Voici une méditation des Béatitudes tirée de l’ouvrage « Pour qu’Il règne » de Jean Ousset pages 528 à 541 : « BIENHEUREUX CEUX QUI PLEURENT ! BIENHEUREUX CEUX QUI ONT FAIM ET SOIF DE LA JUSTICE ! »

Matthieu 5, 4 : « Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. »

(…) Bienheureux ceux qui pleurent !

On voit mal comment pourraient être placés sous ce signe le contentement béat, la satisfaction niaise, l’optimisme inconsistant, qui portent tant des nôtres à trouver normaux sinon légitimes, sous prétexte d’évolution, les progrès de l’impiété, le laïcisme, l’apostasie des nations modernes. Esprit qui excelle à prétendre équivalents le mal commis, jadis, malgré la condamnation des lois et celui qui découle, aujourd’hui, de la loi même. Esprit toujours prêt à excuser ou taire les crimes des ennemis de l’Eglise et ne paraissant craindre que la ténacité des bons à rétablir les droits de Dieu.

Tel n’est point l’esprit de l’Evangile dont les saints ont brûlé. Et leur paix intérieure et leur douceur ne les empêchaient point de manifester une impatience sacrée, de gémir, de pleurer, devant le triomphe du mal, de tout mettre en œuvre pour le combattre. Bienheureuses larmes d’une sainte Jeanne d’Arc, impatiente de rendre sa patrie au Christ-Roi. Bienheureuses larmes d’un saint Ignace écrivant : « Où, aujourd’hui la majesté de notre Dieu est-elle adorée ? Où sa puissance est-elle respectée ? Où son infinie bonté, son infinie patience, sont-elles connues ? » (…)

Bienheureux, donc, ceux qui pleurent. Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice. Entendez : ceux qui ont faim et soif de cette pleine justice dont parle l’Ecriture, qui consiste d’abord à rendre Dieu ce qui Lui est dû.
« Ceux qui ont faim et soif » précise le texte sacré, pour mieux indiquer l’avidité qui doit nous animer en cet endroit. Avoir faim et soif ! (…) Avoir vraiment faim et vraiment soif ! C’est là ce dont on finit par souffrir beaucoup plus par la tête que par l’estomac. Une obsession. Ventre affamé n’a pas d’oreille. Et le fait est que les plus séduisants discours sont incapables de retenir celui qui a vraiment faim.

En ce qui nous occupe : d’abord la justice..., quels que soient les discours annexes. D’abord ce qui est dû... D’abord le refus de confondre les victimes et les assassins. D’abord le refus d’accorder le poids de la vérité au verbalisme dont la Révolution se sert depuis plus de deux siècles pour ébranler le monde et abuser les nations.

Oui ! cette obsession... Etre un obsédé de justice. En d’autres termes : avoir faim et soif de l’ordre vrai ; faim et soif de l’ordre social chrétien ; faim et soif du triomphe de la vérité, telle que les papes nous l’enseignent ; faim et soif de la sainteté, car, dit Bossuet, «  la justice règne quand on rend à Dieu ce qu’on lui doit ».

Comme le disait le curé d’Ars : « La Vérité !... Il y a une nuée de mensonges qu’il faut balayer sans prendre garde à ceux qui se mettent devant. Ne cherchez pas à plaire à tout le monde, mais à Dieu, aux Anges, aux Saints ; voilà votre public.  »

« Il y a des mortifications austères au pain et à l’eau, écrit encore Monseigneur Suenens , qui ne valent pas comme dureté ce risque de l’apostolat... Tel qui affronte sans broncher une grêle de balles et d’obus se sentira faiblir devant la menace d’une moquerie ou d’un sourire narquois... Rien ne paralyse comme cette peur subtile qui s’appelle le respect humain. Elle a fait frissonner saint Pierre devant une servante du prétoire ».

Mais « ce ne serait aimer ni l’Eglise, ni les âmes, ni Jésus, que de ne travailler de tout son pouvoir au triomphe complet de l’Eglise, à la sanctification de toutes les âmes, au parfait avènement du règne de Jésus-Christ sur la terre comme au ciel » .

A suivre : Leçon politique des béatitudes : « BIENHEUREUX, LES CŒURS PURS, PARCE QU’ILS VERRONT DIEU ! »

Pour se former et agir à l’école de Jean Ousset, lire « Pour qu’il Règne », ouvrage historique de ceux qui veulent agir « à contre courant » comme nous y invite le Pape François.
Ces publications sont diffusées en collaboration avec Ichtus, organisation héritière de la pensée et de l’œuvre de Jean Ousset.

Illustration : Allégorie du bon gouvernement (Ambrogio Lorenzetti, XIVe.)

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