L’infolettre du R&N revient bientôt dans vos électroboîtes.
Gustave Thibon (1903-3001), « Révolution ou conversion », Itinéraires, n°141, p. 76-77
« Nous sommes délibérément conservateurs en ce sens que nous voulons sauver ce qu’il y a d’immuable dans l’homme : sa nature créée et l’élection surnaturelle par laquelle il participe à la solitude de l’être incréé.
Le monde unidimensionnel décrit par Marcuse -cette prison intérieure où l’être est dévoré par l’avoir et l’âme aliénée au profit des choses- est un monde où l’homme, de plus en plus séparé de sa nature et de ses limites, et sourd aux appels de l’infini, ne trouve d’aliment que dans ses œuvres et dans ses songes. « Dans quelle mesure un monde fait par l’homme est-il encore un monde fait pour l’homme ? » – cette question que m’a posée un jour un étudiant résume la crise de notre époque. Ce monde fait par l’homme prolonge l’homme sans le compléter et, par là, il confirme son isolement dans la nature où il ne voit qu’un instrument de sa puissance usurpée et truquée, et devant Dieu dont il prend la place au lieu de l’adorer.
Et nous sommes révolutionnaires dans ce sens que, loin de confondre la fidélité à l’immuable avec le respect inconditionnel du statu quo temporel, nous concevons la révolution comme un incessant mouvement de retour vers ces sources intarissables dont notre soif, dénaturée par les breuvages factices, laisse se perdre les eaux. Le mot de révolution – ou plutôt de conversion permanente- vient ici à point. L’homme nouveau – au sens paulinien du mot- n’achève jamais de naître dans le vieil Adam…
Et c’est cela – cela seul au fond- qu’attend le monde moderne : d’être sauvé de lui-même. L’une après l’autre, il voit se flétrir et s’effondrer ses idoles. Les mythes de la société de consommation ont révélé leur néant : on sait qu’elle n’apporte que des biens dont le manque crée la révolte, et l’abondance l’ennui.
Nous avons vu que l’illusion révolutionnaire est plus tenace à cause de sa projection dans l’avenir. Mais déjà se manifeste, dans les pays où la révolution a triomphé et où l’on peut par conséquent juger l’arbre à ses fruits, un malaise né du sentiment que la nouvelle religion a trompé ses croyants et trahi ses dieux. Les ouvrages les plus représentatifs de notre temps sont tous imprégnés d’une angoisse et d’un ennui, d’un besoin mortel d’autre chose qui traduisent la présence de cette espérance confuse et égarée. On sent que la Tour de Babel nous éloigne de la terre sans nous rapprocher du ciel. »
Le R&N a besoin de vous !
ContribuerFaire un don
Dernières dépêches : [NOUVEAUTÉ] Sortie du jeu de société chrétien « Theopolis » • Retour de la communion sur les lèvres à Paris • Etats et GAFA : l’alliance impie est en marche • [CHRISTIANOPHOBIE] Retour sur le concert raté d’Anna von Hausswolff • [ÉGLISE] Les hussards de la modernité à l’assaut des derniers dogmes de l’Eglise • [IN MEMORIAM] Charles, entre idole des jeunes et divinité laïque • [CHRÉTIENTÉ] L’épée d’Haïfa et la chevalerie rêveuse • Le service public l’a décrété : le wokisme n’existe pas • [IN MEMORIAM] L’Heure des comptes viendra-t-elle bientôt ? • [IN MEMORIAM] 4 novembre 1793 : Louis de Salgues de Lescure
Le Rouge & le Noir est un site internet d’information, de réflexion et d’analyse. Son identité est fondamentalement catholique. Il n’est point la voix officielle de l’Église, ni même un représentant de l’Église ou de son clergé. Les auteurs n’engagent que leur propre conscience. En revanche, cette gazette-en-ligne se veut dans l’Église. Son universalité ne se dément point car elle admet en son sein les diverses « tendances » qui sont en communion avec l’évêque de Rome : depuis les modérés de La Croix jusqu’aux traditionalistes intransigeants.
© 2011-2025 Le Rouge & le Noir v. 3.0,
tous droits réservés.
Plan du site
• Se connecter •
Contact •
RSS 2.0