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Poncif n°5 : « La messe tridentine est archaïque, elle n’est pas adaptée à son temps... »

4 novembre 2011 Boniface, Tancrède

Et dans le même style : « La nouvelle messe est plus conviviale et tolérante, ouverte aux autres. Le concile Vatican II, c’est le progrès dans l’Église ! Il faut s’adapter et sortir de l’archaïsme liturgique ! »

Il y a sans doute eu de mauvaises lectures du dernier concile. Mais comment comprendre l’accusation d’archaïsme ? Par définition, la Tradition et son corollaire la messe traditionnelle ne sont ni anciennes, ni archaïques, ni à renouveler, ni à transformer. La Tradition n’a pas de commencement parce qu’elle n’a pas de fin : nous ne sommes que les dépositaires viagers (c’est-à-dire le temps de notre vivant, le temps de transmettre ce que nous avons reçu) de cette merveille ; elle ne nous appartient pas, et nul mortel n’a le pouvoir de se l’approprier pour l’altérer. En ce sens, la Tradition est éternelle : nos petits-enfants la connaîtront comme nous l’avons connue, comme nos pères l’ont connue, et nous, nous la transmettrons comme nous l’avons reçue. Vouloir « changer la Tradition » n’a donc en soi aucun sens, car c’est là faire preuve d’orgueil et d’impiété, c’est priver injustement le monde de ce dont nous avons hérité : l’héritage du Christ. « Eh bien ! si nous-même, si un ange venu du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous avons prêché, qu’il soit anathème ! En tout cas, maintenant est-ce la faveur des hommes, ou celle de Dieu que je veux gagner ? Si je voulais encore plaire à des hommes, je ne serais plus le serviteur du Christ. » (Épître aux Galates 1, 8-11) Le traditionalisme n’est donc pas un système philosophique, précisément parce que la Tradition n’offre aucune prise et qu’elle tranche toujours définitivement au-delà des limites de la simple raison et du sentiment.

Pourquoi donc vouloir changer une chose dont les origines (et les intentions) résident dans les temps christiques où vivaient les apôtres et où l’inspiration divine était vivace ? En toute logique, vouloir le changement (appelé « progrès » par malice et par tromperie), c’est vouloir s’éloigner de ce que fut un catholicisme authentique, proche du Christ et en ce sens c’est aussi vouloir s’éloigner du Christ lui-même. La Tradition, par sa filiation droite et pure avec les origines, est ce qui, en nos temps si éloignés du Christ, nous en rapproche pourtant spirituellement, avec l’une des plus sublimes des puissances : la Messe.

C’est alors que la notion d’« adaptation » est invoquée par les catholiques réformistes. Certains osent même parler de « retour » à un christianisme primitif alors qu’il ne s’agit que d’une adaptation de la liturgie et du catéchisme à la modernité, aux mutations du monde contemporain, à la sécularisation des sociétés, au laïcisme républicain, aux changements des mœurs, etc. Mais qu’est-ce ? La modernité. Et qu’est-elle ? Regardez autour de vous. Nous n’allons pas nous lancer dans une diatribe contre les innombrables déviances et hérésies que constituent la modernité dénoncée par l’Église elle-même. Simplement, la modernité est le pinacle de la décadence et de la haine de Dieu : elle caractérise cette époque, un monde laïc, apostat et athée, un monde qui méprise les chrétiens et les vomit, un monde qui bafoue sans vergogne les commandements de Dieu et les remplace par des lois obscènes, un monde qui fait l’apologie de la jouissance et de l’hédonisme, etc. C’est à cela que l’Église doit s’ouvrir ? Non. Ce n’est pas l’Église qui doit s’adapter au monde, c’est le monde qui doit s’adapter à Elle.

Et alors même que cet aggiornamento de l’Église que fut Vatican II devait en toute logique démocratique contribuer à la croissance du nombre des fidèles dans nos églises, il s’est signalé au contraire comme la date à partir de laquelle les chiffres de la pratique religieuse ont plongé frénétiquement, se soldant par une véritable saignée. Nombre de séminaristes en chute libre ; apparition de la notion absurde de « catholique non-pratiquant » ; hémorragies dominicales. Au lieu de vivifier l’Église, la soumission des modernistes à ceux qui nous haïssent l’a laissée exsangue. L’Église n’a obtenu que des humiliations de la part du monde pour cet acte de soumission des modernistes. Le modernisme est une hérésie, et ceux qui la défendent dans l’Église devraient en être exclus. Plutôt que de descendre dans le monde, l’Église aurait dû rester au ciel, en gloire et en majesté. Nous connaissons les mécanismes qui faillirent la briser définitivement : les fidèles, voyant que leur église elle-même s’était mise à renvoyer l’image du monde, l’abandonnèrent purement et simplement, n’y voyant finalement pas autre chose qu’une réplique conforme de leur quotidien désespérant.

En conclusion, nous disons seulement ceci : « Quelle utilité y-a t-il pour l’homme à gagner le monde entier, s’il lèse son âme ? » (Matthieu, 16:25) ; ou encore : « Parce que vous n’êtes pas du monde, et que moi je vous ai tirés hors du monde, c’est pour cela que le monde vous hait » (Jean, 15:19) ; et enfin : « Ne voyez-vous pas que l’amitié pour le monde est haine de Dieu ? Celui qui veut donc être ami du monde se rend ennemi de Dieu » (Jacques, 4:4). Voilà ce que dit l’Écriture de « l’ouverture » au monde et, par anticipation, du compromis moderniste.

Boniface
&
Tancrède.

Index des dix plus grands poncifs sur la messe tridentine

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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4 novembre 2011 Boniface, Tancrède

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