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4e dimanche après Pâques – 28 avril 2013
(forme extraordinaire)
Mes frères,
Ce matin l’évangile selon saint Jean nous reconduit à la veille de la Passion, au soir du jeudi saint. Le Christ prophétise l’avenir de ses disciples dont nous sommes : « l’heure vient où ceux qui vous tueront penseront offrir un sacrifice à Dieu. Ils le feront parce qu’ils ne connaissent ni le Père ni moi. Mais c’est votre intérêt que je parte, car si je pars je vous enverrai l’Esprit-Saint, le Paraclet, le Défenseur qui dénoncera le péché du monde et les injustices du monde, et qui vous mènera jusqu’à la vérité tout entière. » Dit autrement, les disciples du Christ connaîtront la persécution à cause de l’injustice et du péché du monde. Mais ils seront défendus, soutenus par l’Esprit-Saint qui les maintiendra dans le sens de la justice et de la vérité. A quoi le Christ ajoute, dans l’évangile selon saint Luc : « c’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie » (Lc 21,15-19).
De son côté, l’épître de saint Jacques nous a dit que la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu, tout en précisant quelques versets plus loin que la manière irréprochable de pratiquer la religion c’est de se tenir à la loi parfaite qui est celle de la liberté, et de venir en aide aux orphelins, c’est-à-dire aux enfants qui n’ont plus leurs vrais parents. Dit autrement, là où la liberté qu’on promeut ne va plus de pair avec la protection des enfants, c’est la religion même qui est atteinte. Et si les disciples du Christ ne se font pas justice par eux-mêmes, c’est pour mieux laisser agir la colère de Dieu dont saint Paul nous dit qu’elle dénonce et démasque l’injustice dans laquelle le paganisme essaye d’étouffer la vérité (Rm 1,17s), paganisme romain, du temps de saint Paul, paganisme contemporain dans nos institutions publiques aujourd’hui.
Et la vérité que ce paganisme essaye d’étouffer, c’est la vérité sur les relations humaines, parce que c’est sur les relations humaines que se joue la relation à Dieu. C’est notamment sur la vérité des relations familiales que se joue la relation à Dieu autant chez les enfants que chez les parents. Quelle relation à Dieu aura-t-on là où l’on dira à un enfant qu’il a deux pères ou deux mères, alors qu’un enfant n’a jamais deux vrais pères ou deux vraies mères, mais toujours un vrai père et une vraie mère ?
La loi qui a été votée mercredi dernier à l’Assemblée Nationale conduit tout droit à ce genre d’injustice. Nous le savons bien. Et c’est avant tout le droit des enfants à savoir d’où ils viennent qui est au cœur de la résistance à cette loi. Grande est la colère de beaucoup de nos concitoyens devant cette législation qui divise profondément les Français. Ce que le pape Jean-Paul II appelait, il y a 10 ans, une « apostasie silencieuse » en Europe, devient aujourd’hui une apostasie de moins en moins silencieuse qui légalise au grand jour la falsification des liens familiaux, en comptant que l’union d’un homme et d’une femme ne soit plus perçue comme la valeur évidente et irremplaçable pour la naissance et la croissance des enfants.
Or l’Esprit-saint vient au secours des disciples du Christ et des hommes de bonne volonté dont la conscience est droite quelle que soit leur religion, l’Esprit-Saint qui est l’âme de l’Eglise et qui porte l’Eglise à faire entendre sa voix au cœur et au sommet des sociétés contaminées par le paganisme moderne. Tant mieux si le nouveau pape est bien accueilli dans le monde actuel. Il fera d’autant plus entendre la parole de son prédécesseur qui disait ceci quand il n’était encore que le cardinal Ratzinger, reçu à Paris, à l’Académie des Sciences Morales et Politiques en 1992 : il appartient à l’Eglise « de s’adresser à la liberté de tous, de façon que les forces morales de l’histoire restent les forces du présent, et que resurgisse, toujours neuve, cette évidence des valeurs sans laquelle la liberté commune n’est pas possible ». Mes frères, les forces morales qui nous font garder l’évidence des valeurs, ce sont les forces que l’Esprit-Saint nous donne quand nous restons unis au Christ et à l’Eglise.
Nous entendons souvent demander comment rétablir le tissu social français, comment restaurer ou promouvoir dans notre pays le « vivre ensemble » qui paraît aujourd’hui mis à mal. La réponse est que nous ne retrouverons une volonté de vivre ensemble que si nous percevons à nouveaux frais les valeurs fondatrices qui nous sont communes. Or ces valeurs ne pourront pas être perçues comme fondatrices et communes sans un minimum de force morale. Il y a force morale là où il y a persévérance dans le vrai Bien, et là où cette persévérance fait autorité parce qu’elle se met notamment au service des plus faibles. Or les enfants sont toujours plus faibles que les adultes, y compris les adultes socialement marginaux ou minoritaires.
Et il y a faiblesse morale là où ces rôles sont inversés, là où le droit des adultes s’exerce aux dépends de la vérité due aux plus petits. Rien ne servira de parler de liberté, d’égalité, de fraternité, de justice et de partage s’il n’y a pas d’abord la reconnaissance du bon ordre des choses entre les adultes et les enfants, bon ordre des choses que tous peuvent et doivent accepter quelles que soient leurs orientations affectives ou politiques, bon ordre des choses qui s’adresse à toutes les consciences et à tous les cœurs pour les appeler à voir la vérité, la justice et la vie.
Certains aujourd’hui ont du mal à entendre ces réalités pourtant simples. Les dire et les redire fait partie de la mission de l’Eglise et du service qu’elle rend à l’humanité. Cette Eglise catholique a pu traverser les siècles et habiter toutes les cultures parce qu’elle est soumise à l’autorité suprême de Dieu, et qu’elle est tenue de faire ce que le monde ne fait pas, c’est-à-dire aimer ses ennemis, bénir ceux qui la persécutent, et être partout chez elle tout en ayant un pied au ciel. Son sens de la vérité, de la justice et de la vie en ressort éclairé par un appel permanent au sacrifice et au dépassement de soi qui critique l’égoïsme naturel, et désabsolutise les besoins affectifs.
Mais la soumission de l’Eglise à l’autorité divine la conduit, surtout, à dénoncer les prétentions illégitimes de l’autorité publique lorsque celle-ci s’arroge le pouvoir de définir par elle-même ce qu’est le bien commun, au lieu de recevoir cette définition de l’ordre naturel des choses. Il n’appartient pas à l’autorité publique d’appeler « bien » une union stable ouverte à la filiation entre adultes de même sexe. Comme l’écrit l’un de nos théologiens catholiques : « finalisé par le principe du bien commun, l’exercice du pouvoir n’est pas laissé à l’arbitraire de ses détenteurs. Ceux qui outrepassent leurs droits perdent leur autorité… On peut être alors amené, en conscience, à désobéir... Si toute autorité mérite respect, au-dessus d’elle se trouve une autre Autorité. C’est une limite pour ceux qui voudraient se comporter en maîtres absolus. Leur pouvoir ne leur appartient pas, c’est un pouvoir délégué. (…) Il faut savoir dire « non » à César quand il réclame ce qui appartient à Dieu. » Mes frères, la dignité des enfants appartient à Dieu. Elle ne pourra pas rester indéfiniment blessée par la loi des hommes. Traiter la stérilité des couples homosexuels comme si elle était accidentelle alors qu’elle est structurelle, et forger en conséquence des lois qui par principe conduiront logiquement à la procréation artificielle des enfants, c’est ni plus ni moins qu’abolir, au nom d’un principe humain et non d’un accident de la nature, le droit des enfants à savoir d’où ils viennent.
Sans doute la loi votée cette semaine se verra équipée d’un arsenal répressif à l’encontre des élus qui refuseront de l’appliquer par motif de conscience. Certains y perdront peut-être leur mandat mais par leur honneur. D’autres choisiront de rester pour des raisons respectables. Mais tous continueront de faire entendre ce qu’il en est de la vraie justice et de la vraie famille. Il faudra du temps et de la patience pour faire entendre raison. Il faut aussi du cœur pour aimer ceux qui de fait ou de droit dénaturent notre humanité. Mais il faut surtout l’Esprit-Saint de lumière et de force pour garder en soi la joie de la Résurrection du Christ et entre les croyants la charité fraternelle qui seules peuvent apporter au monde l’espérance dont il a besoin. Que l’Esprit-Saint nous assiste et nous inspire, afin que nous ne relâchions ni notre prière ni notre action de grâce pour tous les biens que le Seigneur nous fait vivre en ce temps pascal de témoignage fort, d’engagement et de persévérance.
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