L’infolettre du R&N revient bientôt dans vos électroboîtes.
Je commencerai ce sermon comme notre nouveau pape, en vous disant qu’il y a 3 points, 3 noms : Nicolas, Marie, Jean-Baptiste. Et même, en prime, un 4e que je tais pour le moment.
1er nom : Nicolas ; 1er point : le sort des enfants. Nicolas, non pas notre ancien chef de troupe, en stage actuellement au Brésil, mais le mythique évêque de Myre que nous allons honorer cet après-midi autour d’un vin chaud et que nous avons fêté vendredi dernier. Un S. Nicolas qui devient de plus en plus actuel, non pas tant parce qu’il apporte clémentines et sucreries aux enfants sages à l’approche de Noël mais à cause de la légende qui le concerne. Vous le savez, entre autres choses, S. Nicolas a tiré du saloir où ils avaient été dépecés 3 petits enfants. Il a rendu à la vie ceux qu’un boucher sans scrupules avait hachés pour arrondir son revenu.
Cela devrait nous faire réfléchir. Aujourd’hui, les S. Nicolas sont de plus en plus nécessaires lorsqu’on sait le sort qui attend les enfants qui ne sont pas désirés, démembrés dans le sein de leur mère et dont les restes alimentent toutes sortes d’industries, de la cosmétique à la pharmaceutique. Oui, notre époque se surpasse en matière de hachoirs et de saloirs destinés aux enfants à naître. Au passage, il faudrait bientôt vite trouver un compagnon à S. Nicolas pour faire la même chose en faveur des personnes âgées et malades qu’on envisage de supprimer avec la même désinvolture qu’en Belgique aujourd’hui ou que sur les rives du Rhin il y a exactement 80 ans. Le mot de code était alors, je crois, T4.
2e nom : Marie ; 2e point : l’Immaculée Conception. C’est en effet le 8 décembre, c’est-à-dire aujourd’hui, que l’on fête ce privilège de Marie qui a été reconnu comme vérité à croire, comme dogme, en 1854 par le B. Pie IX, peu avant les apparitions de Lourdes : à S. Bernadette, la « belle Dame » se présentera comme l’Immaculée Conception. Qu’est-ce que signifie ce privilège ? Ceci : Marie a été préservée de la contamination du péché originel par une grâce venant déjà de son Fils. C’est-à-dire qu’au moment où Marie a été conçue par ses parents, elle n’a pas hérité cette nature humaine blessée qui est le lot de tous les autres, même les plus saints, exception faite précisément d’elle et de son Fils. Pourquoi ? Parce qu’il convenait que la mère du Saint par excellence fût elle-même sainte. Et comment ? Parce que celui qui sauve du péché, dans l’histoire, par l’instrument de son humanité, est la Personne divine du Fils, coextensive parce qu’éternelle à chaque instant de l’histoire créée. Alors ce qui n’est que fable dans les films de science-fiction – la réversibilité du temps – fonctionne parfaitement ici. Le Fils de Dieu, parce qu’il est éternel, est en mesure d’appliquer au moment de la conception de sa mère la grâce qu’il obtient, quelques dizaines d’années plus tard, sur la croix.
Quel est l’intérêt de donner à croire ce mystère qui concerne exclusivement, semble-t-il, Marie ? Parce que cela nous aide à renverser notre vision de l’être humain. Ce n’est pas nous qui sommes normaux, nous qui sommes enclins au mal, à la maladie et à la mort, susceptibles de toutes les chutes à commencer par celles qui nous éloignent de Dieu. C’est exactement le contraire : c’est Marie qui représente l’humanité telle que Dieu l’a toujours voulue et telle qu’il la restaure, par la mission de son Fils. Vivre continuellement dans la proximité divine, ne jamais céder au mal, et par-là échapper à la maladie et ultimement à la mort, voici ce que Dieu avait voulu pour nous. Et de même qu’il avait transfiguré son Fils sur le Thabor pour montrer à ses disciples sa véritable condition, de même, tout au long de l’histoire, il nous donne Marie, le modèle de l’humanité restaurée par son Fils, pour nous stimuler sur la voie qui nous conduit à lui.
C’est alors qu’intervient le 3e nom : Jean-Baptiste, et le 3e point : la conversion. Cette stimulation passe par une conversion que Jean-Baptiste exprime en termes très rudes. Pour goûter l’harmonie réconciliée qu’appelle de ses vœux le prophète Isaïe, il faut opérer un vrai changement de cap. Cela peut nous étonner alors que nous nous préparons à fêter Noël : paix, humilité, douceur de la crèche. Et pourtant cette préparation se fait dans un monde où guerres, famines, violences continuent d’être le lot quotidien de la plupart des habitants de la planète, à commencer par ceux qui parlent encore la langue de Jésus, les Syriens chrétiens, en cette terre qui a vu la naissance du « Prince de la paix ». Cette contradiction doit être prise au sérieux sinon la crèche de Bethléem risque de se transformer en un de ces beaux contes de Noël que nos revues habituelles nous offrent à cette période sur papier glacé pour nous faire oublier un instant la cruauté des temps.
L’urgence pour nous, en ce temps de l’Avent, est de retourner la perspective. Cette tension que nous éprouvons entre ce que nous célébrons et ce que vit le monde n’est pas une contradiction mais au contraire c’est la raison même de la venue du Christ en notre chair. C’est bien parce que le monde vit dans la violence et la peur que Dieu envoie son Fils sur la terre et qu’il fait à tous cette promesse : oui, un autre avenir est possible, une autre logique peut prévaloir. La victoire sur les forces du mal – aussi étonnant que cela puisse paraître – est déjà acquise, à Pâques : nous avons à nous y associer. Pour les chrétiens, cela signifie qu’il faut se convertir. Nos contemporains seront touchés par la grâce de Noël s’ils rencontrent des gens qui par leur vie témoignent de ce changement radical.
Enfin, je vous avais parlé d’un 4e nom : cela pourrait être le mien ou celui de l’abbé Faure. Car le 4e point, c’est le confessionnal ! Notre conversion passe par l’humble aveu de nos fautes, de toutes nos fautes. Les enfants du catéchisme et parmi eux nombre de louveteaux et de jeannettes, vont se confesser à nous mercredi 18 décembre. Il arrive aussi que les grandes personnes aient besoin de se confesser. Et pour ne pas leur compliquer une vie qui l’est déjà assez comme ça, nous proposons – et cela vaut pour toute l’année – à ceux qui le souhaitent d’attendre le début de la messe de 11h où l’un de nous confesse toujours, sauf les jours de messe solennelle comme aujourd’hui précisément à cause de l’Immaculée Conception...
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