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Villiers à Versailles : Jeanne d’Arc et l’espoir français

La ville de Versailles inaugura-t-elle le crépuscule doré de nos rois ?
Jeudi dernier, elle vécut une soirée au rythme de l’épopée de Jehanne, restauratrice de la légitimité.
Dans l’écrin sublime du théâtre Montansier, à deux pas de la Chapelle royale, Philippe de Villiers donnait sa première grande conférence consacrée au Roman de Jeanne d’Arc.
On entend souvent dire des Versaillais qu’ils sont de tristes bourgeois vivant dans un entre-soi confortable de catholiques de parvis, au milieu d’une ville assoupie. Cliché éculé mais tenace. Cliché à vrai dire sans intérêt, à l’instar de la plupart des lieux communs.
L’auditoire du théâtre Montansier prouvait, jeudi soir, qu’il n’était pas assoupi mais au contraire éveillé : six-cents personnes, dont certaines debout, avaient répondu présent pour écouter l’ancien député européen.
Toutes générations confondues afin d’écouter l’histoire vibrante de celle qui fut tour à tour paysanne à Domrémy, libératrice à Orléans, restauratrice à Reims, prisonnière à Compiègne et brûlée vive à Rouen.

Si les foules se déplacent ainsi pour écouter Philippe de Villiers, c’est avant tout pour renouer avec le fil d’Ariane du génie français.
Reprenant les grandes lignes de la courte existence de Jeanne d’Arc, le fondateur du Puy du Fou prit soin d’éviter l’écueil de l’hagiographie et, « déposant le vitrail », redonna vie, chair et humanité à la pucelle d’Orléans, devant un auditoire tenu en haleine pendant près de deux heures. Contée par Villiers, l’épopée johannique devient plus profonde car elle gagne en texture, elle acquiert un caractère sensible ; au point que l’on croirait côtoyer la sainte et la connaître dans ses vertus comme dans ses fragilités. Son épopée n’en est que plus belle, car plus humaine.

Les spectateurs n’étaient pas venus écouter n’importe quelle histoire de Jeanne d’Arc. Loin de l’égérie quasi-républicaine de Michelet ou de l’illuminée du film de Besson, l’histoire de Jeanne, sous la plume de Villiers, nous dit quelque chose de notre temps. Sans jamais verser dans l’anachronisme – le travail historique de Villiers est rigoureux, à l’instar de ses biographies de Charette et de Saint Louis – l’auteur ne se prive pas, en conférences, de mettre en lumière de surprenantes analogies.
In fine, les trahisons des élites, les parjures, les transferts de souveraineté (du Traité de Troyes en 1420 à celui de Maastricht en 1992), les défaites, les invasions étrangères et la misère sont une constante française, au XVe s. comme au XXIe.

L’on ne saurait toutefois se résoudre au suicide français sans contempler l’incroyable capacité de notre nation au sursaut, au rebond, au miracle.
Le sursaut français implique la foi, l’espérance, la charité. Telle est la leçon que nous donne Philippe de Villiers en offrant à tous son amour ardent de la France, du Puy du Fou à la Place du marché de Rouen, de la Vendée à Vaucouleurs, en passant par Versailles. Telle était la leçon du théâtre Montansier.
Jeanne d’Arc est la preuve qu’il ne faut jamais désespérer de notre pays, qui est « en grande pitié » ; Villiers en est le témoin brûlant.
La conférence s’achevait sur les derniers mots de Jeanne au bûcher : « Jésus… Jésus…  ». Asphyxiée par les fumées, corrompue par les flammes, son cœur pur demeura intact.

Silence religieux.
Tonnerre d’applaudissements.
En quittant la salle, l’auditoire songeait que France et espérance vont de concert.

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