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Chaque semaine, l’association Marie de Nazareth publie le court récit d’une des grandes pages de l’histoire chrétienne de la France, en l’accompagnant de quelques propositions de méditation, de formation, d’engagement et de prière.
Le Rouge & Le Noir se joint pleinement à cette initiative dont il est partenaire.
Des récits de miracles rapportent que Marie a été associée à la prédication de Jacques en Espagne. C’est donc avec elle que nous vous invitons à découvrir saint Jacques et Compostelle, à la suite de Jean-Paul II, pèlerin en 1982. Cette date marque d’ailleurs une rupture entre le pèlerinage historique qui s’est éteint progressivement à partir du XIXe siècle et le pèlerinage contemporain, devenu Itinéraire culturel européen.
Qui était saint Jacques ? Jacques et Jean, fils de Zébédée, furent des disciples étroitement associés à la mission de Jésus. Sur la croix, Il confia sa mère à Jean. Ainsi, la grande majorité des calvaires représentent Marie et Jean au pied de la croix. Mais au retable d’une chapelle du XIVe siècle, dédiée à saint Jacques (au Bru, commune de Charmensac, Cantal), c’est lui qui est au pied de la croix, avec Anne, la mère de Marie. Prédicateur fougueux et intrépide, Jacques fut le premier apôtre martyr. Sa décapitation sur l’ordre d’Hérode à Jérusalem, en l’an 44, est attestée par les Actes des apôtres (Actes XII, 2). Voilà l’histoire. Au-delà, nous entrons dans le merveilleux des légendes dans lesquelles la Vierge est plusieurs fois présente. Il reste deux écrits attribués à « Jacques », une Épître et un Évangile apocryphe. Mais quel Jacques en est l’auteur ? Sans doute ni l’Épître ni surtout l’Évangile ne sont l’œuvre du Majeur. Mais l’une et l’autre lui furent attribués lorsque son culte s’est développé. Sa statue au portail de l’abbatiale de Saint-Gilles du Gard confirme qu’au Moyen Âge, l’apôtre Jacques le Majeur était considéré comme auteur de l’Épître dont il montre une citation gravée sur le livre qu’il tient et qui est poursuivie sur son auréole : « Tout don excellent et tout cadeau parfait vient d’en haut, du Père des lumières » (Jc 1, 16-17).
La légende de saint Jacques. Après l’Ascension, les apôtres se partagèrent le monde à évangéliser. Selon des écrits des premiers siècles, Jacques prêcha dans les « contrées occidentales ». Le nom de Paul est cité aussi. Lequel évangélisa les communautés juives installées en Espagne ? L’histoire n’est pas si muette que cela et l’Espagne a choisi Jacques comme patron, le reconnaissant comme évangélisateur. En 711, les Sarrasins, musulmans, envahissent l’Espagne. Seuls les Asturies et la Galice, deux petits royaumes au Nord-Ouest, leur échappent. Sur eux, repose la défense de la foi chrétienne. Pour faire face à l’envahisseur, il faut aux chrétiens un saint patron propre à les galvaniser. À la fin du VIIIe siècle, le moine Beatus du monastère de Liebiana se souvient de l’apôtre Jacques, celui que Jésus avait surnommé « Boanerguès, fils du tonnerre », à cause de son tempérament combatif. Il propose de le choisir pour patron. Mais, pour asseoir la crédibilité du saint patron, il doit reposer dans la terre qu’il protège. Au IXe siècle (en 813, retient une légende en lien avec Charlemagne, transmise par la Chronique du Pseudo-Turpin), un tombeau est miraculeusement retrouvé en Galice : la Concordia de Antealtares publiée en 1077 explique que c’est l’ermite Pelayo (Pélage) qui aurait reçu la révélation de l’endroit, indiqué par une lumière extraordinaire. L’évêque Théodomir d’Iria Flavia reconnaît qu’il s’agit bien de celui de saint Jacques, entouré de deux compagnons. Le tombeau ayant été découvert, il fallut ensuite expliquer comment saint Jacques, décapité à Jérusalem, avait été enterré à cet endroit. On trouve cette explication au XIIe siècle dans le Codex calixtinus (manuscrit conservé à Compostelle) : le corps de saint Jacques serait arrivé miraculeusement par la mer. La légende de saint Jacques, qui figure aussi dans d’autres documents, est ainsi née entre le XIe et le XIIe siècle. Comme le dit Bernard Gicquel (dans sa traduction contemporaine du Codex calixtinus, parue en 2003) : « Ce n’est pas le tombeau galicien qui a fait de saint Jacques le patron de l’Espagne, mais sa désignation comme tel qui a incité à y rechercher sa sépulture. »
Saint Jacques et Marie en Espagne. Les Évangiles canoniques sont muets sur les relations entre Jacques et Marie. Mais Jacques est le frère de Jean, et la tradition rapporte qu’il avait une grande dévotion et un profond respect pour la Vierge qui lui portait une attention particulière. De nombreuses représentations iconographiques montrent Jacques associé à la Vierge. En Espagne, des révélations faites à Marie d’Agreda, religieuse espagnole du XVIIe siècle relatent deux interventions de la Vierge pour soutenir l’apôtre dans sa mission.
Saint Jacques et Marie en France. En France, il n’existe pas de sanctuaire aussi légendaire, mais de nombreuses représentations associent saint Jacques et la Vierge. Signalons par exemple la mise au tombeau de la crypte de la cathédrale de Bourges ou la descente de Croix du retable de Nouans-les-Fontaines dans l’Indre, où l’on voit saint Jacques appuyé sur son bourdon.
De nombreux chemins allant à Compostelle traversaient la France au Moyen Âge, passant fréquemment par divers sanctuaires locaux. Au XXe siècle, on a voulu remettre à l’honneur certains de ces chemins, notamment pour des raisons touristiques et patrimoniales. On distingue ainsi quatre grands chemins de Compostelle en France :
Compostelle renaît au XIXe, en même temps que les pèlerinages à la Vierge. Les apparitions de la Vierge au XIXe siècle et les nouveaux pèlerinages mariaux ont créé un climat favorable aux pèlerinages dont a bénéficié Compostelle. En 1884, le pape Léon XIII reconnaît les reliques de l’apôtre « dans les jours où l’Église est particulièrement tourmentée par des tempêtes violentes, alors que les chrétiens ont besoin d’un excitant plus puissant pour pratiquer la vertu ». En 1936, Franco rétablit le patronage de saint Jacques supprimé par la République. La dévotion à saint Jacques a repris avec intensité en Espagne. Après la Seconde Guerre mondiale, Compostelle est apparue comme un phare pour les pays européens déchirés et a pris une dimension politique nouvelle. Un siècle après Léon XIII, Jean-Paul II, lui-même pèlerin, a donné un nouveau départ à ce pèlerinage. Aujourd’hui, les chemins de Compostelle en France, devenus instruments de promotion touristique, sont inscrits au Patrimoine mondial. Mais s’agissant de pèlerinage, le vrai bien commun de l’humanité n’est ni dans les monuments ni dans les chemins, mais dans la démarche pèlerine.
Pour terminer ce texte, j’exprime donc un double vœu : que le pèlerinage, en tant que tradition commune à toutes les religions et toutes les cultures soit inscrit sur la liste du Patrimoine mondial comme un bien immatériel de l’humanité et que chaque personne sur terre puisse librement se rendre vers le lieu sacré de son choix où qu’il se trouve.
Retrouvez sur le site de Notre Histoire avec Marie des compléments sur l’histoire de Saint Jacques et la route de Compostelle ainsi que les propositions de méditation, de formation, d’engagement et de prière qui lui sont liées.
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