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L’Éducation ou « l’Orgueil de vivre haut » - Le scoutisme

Cette lettre fictive est la première d’une série de trois. Vous pouvez retrouver les deux autres ici :

Certains aiment à énumérer, avec fierté, les citations tirées de civilisations antiques sur la décadence de la jeunesse, comme pour mieux justifier les errements de notre temps. Le modèle éducatif que nous connaissons est un naufrage. Celui d’un bateau ivre qui dérive vers les côtes hospitalières du relativisme, ces nouveaux horizons évidemment exaltants pour tous. Pour tous, sauf les deux du fond de la classe qui préfèrent eux, le camion fou de Nice aux navires doux de Marlène.

D’autres modèles éducatifs existent. Ils existent, et mieux encore, ont été pensés pour répondre à une épreuve. A une « crise » diraient les conseillers de Marlène, et tous ceux fraîchement décorés d’une grande école.

Le scoutisme est né de la voix de Baden-Powell, alors que la guerre des Boers étouffait l’Afrique du Sud. De jeunes garçons sont devenus hommes à l’École des Roches, grâce à André Charlier, alors que la Seconde Guerre mondiale les promettait déjà à Hadès. Michel Menu enfin, fonda les goums en proposant le désert et le jeûne à quelques garçons alors que le scoutisme était en proie aux querelles intestines.

Afin de prendre la mesure de la beauté et de l’exemplarité de ces modèles, pourquoi ne pas les examiner à la lueur de trois lettres soufflées par Morphée à l’auteur de ces lignes. Imaginons donc une première lettre d’adieu d’un jeune chef à ses scouts, une deuxième d’un ancien élève à son directeur, André Charlier, et une dernière enfin, d’une jeune femme partie en goum.

I. Le scoutisme ou la chevalerie des temps modernes

Imaginons pour ouvrir le bal, une lettre d’adieu d’un chef à ses scouts.

« Chers scouts, chers routiers,

« Ce qui donne un sens à notre comportement à l’égard de la vie est la fidélité à un certain instant et notre effort pour éterniser cet instant » énonce Yukio Mishima dans Le Pavillon d’Or. Le scoutisme a certainement été le lieu privilégié de ces instants dont parle l’écrivain japonais et qui vous engagent inconsciemment sur un chemin plutôt qu’un autre.

Pour ces instants de brèves éternités, vécus avec vous, je veux vous remercier !

La simplicité d’une marche en patrouille, d’un rugby en Troupe, d’une prière en Clan, m’a profondément construit et porté jusqu’à ce grand départ ce soir, et ces adieux devant vous.

Le scoutisme m’a fait pressentir le chemin de la Vérité et du bonheur, et m’a donné les armes des grands combats d’une vie. Par lui, j’ai compris le mot de Socrate «  Connais-toi toi même  ». Se connaître, le prix de la liberté, l’effort qu’il convient de concéder pour trouver l’être aimé. Mieux se connaître pour jouir du noble sentiment d’être droit et fidèle à ses désirs, à ses rêves, et à ses aspirations les plus profondes : être avant de faire.

Le scoutisme est avant tout le lieu privilégié d’une rencontre personnelle avec le Christ. Dans un monde où l’on rêve de célébrité, mais d’anonymat aux yeux de Dieu, et où l’amour, le vrai, est sali, le scoutisme fait grandir la foi et invite à être davantage chevillé au Christ, à Le suivre et Le servir par notre vocation.

Le scoutisme est également le lieu d’une prise de conscience dont bien des jeunes sont aujourd’hui privés. Cette douce folie qui vous envahit peu à peu au fil des camps, et vous glisse à l’oreille que nul ne peut résolument vivre sans ce que vous pensiez être dépassé. La famille malmenée. Les coups répétés des chantres d’une vie où chacun est frère, mais aucun n’est père, ont sabordé le précieux creuset de toute humanité.

Alors petits frères, apprenez de ces années la fraternité. Puis quand l’âge des humanités vous prendra, n’oubliez pas d’être chef. L’expérience du scoutmestre vous offrira un avant-goût savoureux de la paternité ! Et seulement alors, vous serez, si Dieu le veut, chef… de famille.

Si donc le scoutisme est place où nombres d’arbres généalogiques prennent silencieusement racines, il est également un formidable Cupidon qui sème dans les cœurs l’amour d’une terre. Une terre travaillée, labourée, parcourue et objet de tant d’émerveillement. Dans le monde de Marlène, où l’urbain est la norme, où la frontière n’est plus, où le nomadisme est un devoir, le scoutisme aura insensiblement tissé un fil d’Ariane jusqu’au petit village que vous voudrez revoir une fois l’aventure au quatre coins de la Terre achevée  !

Marlène c’est l’art de laisser le choix, l’art de ne jamais faire de choix mais l’irrésistible caprice de toujours vouloir avoir le choix. Vous méritez mieux, alors apprenez à donner votre parole et à ne la reprendre jamais, à éprouver la fidélité par liberté.

Soyez éternellement insatisfaits de ce monde et de sa médiocrité, mais aimez-le, pour le changer, quoi qu’il vous en coûte.

Choisissez toujours les chemins de crêtes. Verso Alto comme le disait si bien Pier Giorgio Frassati. Le vent des cimes rend insensible aux sirènes de la société. Ayez l’audace d’un Guy de Larigaudie, fuyez la chute au galop.

Je n’oublierai jamais ces petits coins de France, ces clochers, et fromages partagés. Je n’oublierai pas ces amitiés, ces grands jeux, et chemins empruntés. Je n’oublie pas ces veillées, prières, et moments d’éternités emportés.

Merci de m’avoir fait grandir. Merci de m’avoir accepté comme chef, de m’avoir appris la fraternité,et fait goûter un peu à la paternité !

Chers scouts, le scoutisme est un trésor. Protégez-le et vivez en toujours !

« Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ».

Fraternel Salut Scout  »
Foulques de Hilgarde

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