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Elisabeth Bourgois est auteur de nombreux romans, qui connaissent tous un succès fulgurant, aussi bien chez les adolescents que chez les adultes. Infirmière et mère de famille, familière des sujets d’éthique et de bioéthique, Elisabeth Bourgois livre dans son roman Les assassins sont si gentils un véritable thriller haletant sur la fin de vie.
Tout commence avec quatre hommes, appartenant à un milieu aisé, qui se sont rencontrés en Mai 68, en pleine débâcle estudiantine et ouvrière. Ils ont vingt ans à ce moment-là et ont un idéal de vie : avoir la liberté d’aimer et la liberté de mourir. L’auteur souligne d’ailleurs dès les premières pages : « Ils avaient trouvé une devise, de l’Amour à la Mort ».
Ces hommes – que le lecteur ne peut que mépriser dès les premières lignes pour leur prétention exacerbée et leurs arguments qui se concluent par des « après tout, nous sommes libres de faire ce que nous voulons de notre corps » – choisissent, après avoir manifesté dans les rues parisiennes, pour s’opposer à cette éducation paternaliste et bourgeoise qu’ils ont reçu à la naissance, de s’orienter vers ce qu’ils appellent des postes clefs : droit, journalisme, médecine et enseignement. Ainsi, ils manipuleront les idées et les hommes, dans la masse, sans entrave.
« Pour eux, aucun être supérieur invisible et aucun Dieu ne pouvaient exister car ce serait alors admettre qu’ils en étaient esclaves ou redevables. Dans ce concept de la supériorité de la race humaine, ils constataient avec horreur et mépris que le monde devenait de plus en plus surpeuplé d’individus vieux, pauvres, malades, handicapés, qui gênaient le développement de l’élite humaine, de l’Homme avec un grand H ».
Très vite, deux autres personnages apparaissent dans le roman : Guillaume, frère de l’avocat, et son épouse Ingrid. Ils sont beaux, habitent dans un grand appartement. Lui gagne très bien sa vie à tel point qu’il est inutile, pour sa femme infirmière, de faire « un travail dégradant avec des vieux et des handicapés », bien qu’elle ressente le besoin de s’occuper des plus faibles. Guillaume n’aime plus sa femme, mais il ne peut pas vivre sans elle, car c’est « un luxe auquel je me suis habitué et dont je ne peux me passer ». Bref, tout est merveilleux en apparence pour ce couple. Pourtant sa vie vient à basculer : à cinquante ans, Guillaume est licencié. Il n’avoue rien à son épouse, pendant six mois fait comme si tout se passait bien, mais cet homme prépare son suicide. Un suicide qui échoue et qui envoie le personnage à l’hôpital. Alors qu’il est plongé dans le coma, et que son état semble ne présenter aucun signe de guérison, l’entourage est bouleversé, car l’épouse Ingrid est profondément affectée par cet accident et les amis et frère sont tiraillés entre leurs convictions idéologiques et la douloureuse question de la séparation d’un proche.
L’auteur aboutit alors sous les yeux du lecteur à un débat médiatico-politique sur l’euthanasie. Ecrit en 2006, ce roman alimentait déjà la réflexion sur un sujet encore brûlant d’actualité. La plume d’Elisabeth Bourgois est réputée pour ne jamais être stérile sur les questions de la vie. Militante affirmée notamment pour la dignité de vivre, qui s’oppose fermement à l’association pour le droit à mourir dans la dignité, Elisabeth Bourgois nous invite à réfléchir sur la gravité d’un acte qui tend à être banalisé, comme nous pouvons le voir avec l’assassinat de Vincent Lambert. Tout en affirmant ses idées, l’auteur marie habilement l’intrigue du roman dont elle maîtrise à la perfection les codes, avec la réflexion philosophique.
Ce qui est certain, c’est que le lecteur, qu’il soit déjà convaincu que la culture de mort doit être étouffée et que l’accompagnement en soins palliatifs doit être largement développé dans nos centres hospitaliers, ne refermera pas ce livre sans avoir vécu une expérience littéraire d’un grand niveau.
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