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« Citoyens solidaires, policiers en colère ! » Nouvelle manifestation de la police à Paris cette nuit

La nuit précédente avait déjà été agitée. Devant le succès rencontré par leur mouvement spontané d’hier soir, les agents de la police nationale ont remis le couvert ce soir pour crier leur mécontentement. Sous l’œil cette fois des caméras de la télévision, qui avaient boudé hier l’événement.

Action apolitique, résolument tournée contre la hiérarchie policière (officiers, commissaires, parquet judiciaire) et contre les syndicats (trop occupés à maintenir leurs prébendes pour défendre leur base), la manifestation est partie de la place du Trocadéro peu après 22 h 30 pour remonter l’avenue Kléber jusqu’à la place de l’Étoile. Beaucoup se connaissent, discutent, serrent des mains. Quelques collègues en service viennent saluer, en uniforme, les manifestants qu’ils reconnaissent.

Après avoir chanté la Marseillaise sous l’Arc de Triomphe, les manifestants ont descendu les Champs-Élysées, accueillant un concert de klaxons enthousiastes, de signes des passants, et parfois quelques sirènes de police amplement applaudies — des impressions bien éloignées des Manifs pour Tous de 2013 et 2014. Dans le cortège, environ 500 personnes : une large majorité de policiers (beaucoup arborant leur brassard orange de service) auxquels s’étaient joints quelques simples citoyens, répondant au "Citoyens avec nous !" des policiers par un "Citoyens solidaires !" bien senti.

Sur le trottoir, parmi les passants, difficile de trouver une réaction négative à cette manifestation : on n’en trouve guère que sur les réseaux sociaux. Pour Antonio Fernandez, dont la voiture est immobilisée par le défilé sur les Champs et qui applaudit au passage du cortège, « c’est normal de les respecter et de les soutenir. Ils sont assermentés et ils nous défendent. Je les soutiens parce qu’il faut les respecter. » Johan, lui, trouve la manifestation « légitime. Il faut voir que les policiers arrêtent des gens qui sont relâchés aussitôt. » Cyrille trouve la manifestation « normale, vu le contexte. C’est logique qu’ils expriment leur mécontentement. Ce qui est anormal, c’est que leur hiérarchie ne les soutienne pas dans leurs revendications. » Thomas trouve que « c’est grave d’en arriver là. Bien sûr qu’il faut montrer son désarroi quand on ne peut pas exercer son métier dans de bonnes conditions. Cela donne une mauvaise image de la France : on voit qu’on se fait écraser. C’est triste. » Pour Farid, « ils ont le droit de manifester comme tout le monde. Mais ils ne sont pas assez nombreux à la manifestation, il faut plus de monde pour être crédible. »

Les manifestants seront bientôt rejoints par les taxis, dont les voitures leur ouvrent l’escorte sur les Champs jusqu’à l’avenue de Marigny, à quelques encablures de l’Élysée et de la place Beauvau — à la fin de la manifestation, les taxis volontaires pour raccompagner gratuitement les policiers chez eux seront une centaine.

La Marseillaise retentit à nouveau, des pourparlers s’engagent entre les quelques têtes pensantes du mouvement et le commissaire de faction pour obtenir immédiatement un entretien avec le ministre Cazeneuve. Après quelques longues minutes, le verdict tombe, annoncé face caméras par un porte-parole des manifestants : le ministre est à l’étranger ; il recevra demain, à son retour, une délégation, charge à elle de négocier des conditions de travail meilleures, la reconsidération du travail de la police, la fin du laxisme judiciaire. La promesse d’entrevue sera-t-elle tenue ? Le mouvement, lui, ne se quitte pas sans se promettre de réitérer cette action coup de poing aussi longtemps que nécessaire pour obtenir satisfaction.

Guillemette Pâris
Florimond

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