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C’est à Benoît XVI que l’on doit d’avoir attiré le regard de nos élites culturelles et politiques, ne fût-ce qu’un instant, sur le rôle que joua saint Benoît de Nursie, avec les communautés qu’il assembla autour de lui, dans la construction de la civilisation européenne, jusque dans son paysage. Dans la violence qui continua de se déchaîner pendant encore bien longtemps après la chute de l’Empire romain à travers toute l’Europe occidentale, les monastères furent des havres de stabilité, qui souvent préservèrent des pans entiers de la culture antique des troubles et des bouleversements qui auraient pu la faire disparaitre à l’ouest de Constantinople. Ils furent des points de repères pour les populations, déshéritées, parfois déplacées, souvent menacées, qui les entouraient ; ils surent s’opposer aux prédations de seigneurs de guerre trop avides.
Mais le principe du monachisme n’est pas de favoriser l’épanouissement de la société qui l’environne. A bien des égards, les bienfaits culturels qui rayonnèrent depuis les abbayes ne furent que des produits dérivés d’une vie destinée à tout autre chose. En effet, lorsque les premiers ermites s’emparèrent de Scété au début du IVe siècle pour en faire le paradis des exploits spirituels, ils le firent précisément pour fuir le monde et sa corruption, et n’avoir plus rien à voir avec lui, à tel point que, contrairement à aujourd’hui, les visiteurs et retraitants n’étaient pas acceptés auprès d’eux. Même auparavant, les vierges et veuves rassemblées autour des apôtres et de leurs successeurs de l’antiquité chrétienne le faisaient en renonçant, pour ainsi dire, à toute fertilité, y compris physique, au sein de la société romaine.
C’est que le monachisme consiste en un condensé de la radicalité évangélique. Le Christ a adressé à tous les hommes l’avertissement : « celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera » (Marc 8, 35), et tout un chacun est appelé à « déposer le vieil homme » (Éphésiens 4, 22) pour revêtir le Nouveau ; mais dans la vie monastique, toute chose est comprise en un sens plus brûlant et plus concret. En renonçant vraiment à tout ce qui fait les plaisirs de ce monde, le moine gagne non seulement sa vie éternelle, mais porte paradoxalement au sein de ce monde les énergies de la vie divine, incorruptible et immortelle. Le monde, autour de lui, s’en trouve ainsi transformé.
Nous avons donc choisi de consacrer ce nouveau dossier à cette vie lumineuse et mystérieuse, qui est vraiment le cœur battant de la vie de l’église chrétienne. Des moines issus de différentes congrégations nous éclaireront sur la manière dont ils vivent au quotidien cette renonciation au monde ; nous examinerons la question sous un angle historique, à travers aussi des portraits de grandes figures monastiques ; et nous nous intéresserons aux différents aspects de la vie du moine, spirituels comme pratiques. Il incombe à la génération qui naît de voir à nouveau dans le monachisme la vraie source d’inspiration et le vrai modèle de toute vie authentiquement chrétienne, même au cœur de la cité.
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