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La presse relaie depuis quelques jours la condamnation de plusieurs militants identitaires à six mois de prison ferme, deux mille euros d’amende et cinq ans de privation de droits, prononcée au motif de leur opération de rétablissement des frontières réelles dans les Alpes.
Le seul chef d’accusation qu’on ait pu trouver à ces gaillards fut une supposée tentative de confusion avec les attributs de la fonction publique, par l’entremise ô combien gravissime du port d’une veste bleue.
Le premier avantage que les condamnés ont pu tirer de cette sentence est son absurdité flagrante, qui établit par elle-même le fait que ce procès n’est pas celui d’un fait répréhensible en droit, mais d’une idée réprouvée en fait. Les juges ont donc pratiqué une vaste opération de censure.
Il n’aura pas échappé à certains observateurs que depuis quelques mois cette censure s’endurcit progressivement. À une époque qui nous est proche et qui est désormais révolue, le cartel des pillards n’attaquait que la bourse et la renommée de ses opposants, quelle que fut la doctrine dont ces derniers se réclamaient. Depuis quelques mois, les condamnations à des peines de prison ont fleuri les casiers judiciaires de plusieurs dissidents, pour des mots, des livres ou des idées.
Tout cela demeure cependant relatif. La plupart du temps, si la condamnation au ferme n’excède pas deux ans en droit, un prévenu n’y mettra pas les pieds un seul jour en fait. Ne crions donc pas tout de suite à la soviétisation du régime, car le temps des assassinats n’est pas encore arrivé.
Néanmoins, le mal est fait. Les juges ont franchi l’étape symbolique de la condamnation à la prison ferme, et cela représente déjà un tournant non négligeable dans l’administration de la censure républicaine. Et cela n’ira, croyez-nous, qu’en empirant.
Pourquoi, alors, faudrait-il s’en réjouir ? La mise en perspective de la censure à travers le temps permet d’arriver à une conclusion déterminante quant à celui à qui elle profite réellement.
Qui l’Ancien Régime a-t-il censuré ? Entre autres, les crasseuses Lumières, ou Luther et Calvin. Qui, des opposants ou du régime, possède la renommée la plus florissante aux temps qui sont les nôtres ? La première conclusion qu’impose cette réponse évidente est l’établissement de l’inefficacité systématique de la censure sur le long terme. La censure a toujours précédé le déclin de celui qui la pratique.
Dès lors, la seconde conclusion qui apparaît naturellement nous dicte qu’un prince avisé ne censure pas. Le seul qui commet cette erreur est celui que l’on a suffisamment inquiété pour qu’il craigne qu’on le renverse. C’était le cas de l’Ancien Régime ferraillant sans effet contre les libéraux. Ce fut le cas des révolutionnaires, et de leur usage systématique de la caricature des procédés de la censure : la Terreur. Qui administre la terreur se couche en craignant qu’on l’assassine. Qui coupe des têtes s’imagine déjà traîné à l’échafaud. Robespierre trancha, avant d’être tranché à son tour.
Un état qui censure est un état qui admet tacitement l’extrême fragilité de son pouvoir sur les consciences. En outre, un innocent qu’on exécute vaut bien plus que les propagandes politiques les mieux orchestrées.
Des identitaires aux manifestants mutilés de ces derniers mois – et Dieu sait que la seule chose qui les réunit vraiment sont le fait de s’opposer, quel qu’en soit le motif, au régime -, chaque coup, chaque peine rallongée, chaque sou que l’État-bandit volera de plus à un séditieux qu’à son prédécesseur sur le banc des prévenus est un incontestable gage de l’imminence de la victoire.
Damien Rieu et ses camarades baignent dans l’erreur et leur combat nous inspire peu de lyrisme. Attaquer un rouage de la locomotive ne changera pas le cap que lui fixe son conducteur. Néanmoins, ils sont du parti de la révolte, et quel qu’en soit les raisons, une révolte sincère est en ce moment si rare qu’elle en devient toujours estimable. En se faisant condamner par la pire des chiennes du Capital, la justice de la république française, ils ont déjà remporté plus de batailles qu’ils ne l’ont fait dans les Alpes.
Alors aux rares et vraies canailles noires, aux quelques rouges encore purs, aux bruns fanatiques et aux irréductibles blancs, il faut dire la vérité, malgré les gifles, les lynchages et les avanies : réjouissez-vous que l’on vous censure !
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