L’infolettre du R&N revient bientôt dans vos électroboîtes.
Contributeur sur Le Rouge & le Noir, j’ai suivi pour le compte de celui-ci la manifestation Jour de Colère. A l’issue de celle-ci je suis resté sur place (place Vauban) pour continuer à suivre la foule encore présente.
18h06 : pour terminer la manifestation, les organisateurs lancent la marseillaise.
18h08 : « À l’Élysée ! », « À l’assemblée ! » crie la foule alors que la manifestation est officiellement terminée.
18h14 : les hostilités ont commencé sur le coté gauche de la place Vauban.
18h16 : les gendarmes qui barrent l’avenue de Tourville somment de reculer sinon ils font faire usage des lacrymos. Reflux vers la place Vauban.
18h17 : pendant ce temps, certains policiers en civils qui sont sur les trottoirs parlent de vacance au ski.
18h21 : les forces de l’ordre avancent de tous les cotés. L’avenue de Breteuil est verrouillée.
18h22 : les pétards et fumigènes partent dans tous les sens. Usage de lacrymos.
18h38 : un groupe de manifestants fait une rangée de barrière devant les CRS.
18h42 : les CRS et les policiers en civil font une sortie pour récupérer les barrières et faire des interpellations.
18h45 : les forces de l’ordre bloquent maintenant toute la place Vauban.
18h50 : charge de CRS, plusieurs individus interpellés par les policiers.
18h54 : l’encerclement est total. Je ne peux plus continuer à circuler et passer derrière les CRS. Je dois rester au milieu des manifestants. les policiers en civil reçoivent l’ordre des CRS de passer derrière.
18h56 : confirmation : impossibilité de sortir, quel que soit le coté ou je tente.
19h : plus aucune violence. Les gens attendent.
19h02 : le périmètre des CRS se resserre autour de nous.
19h11 : les CRS attendent les ordres. Les gens n’ont pas le droit de sortir.
19h15 : nous ne le savons pas encore mais notre garde à vue de masse vient de commencer.
19h23 : le GAV bus est là, ceux qui sont prisonniers dans le cercle sont emmenés un par un.
19h36 : les CRS sont détendus. Je pose la question, ils ne savent pas s’il s’agit d’un placement en GAV ou d’un contrôle d’identité.
19h55 : plusieurs personnes essaient de nouveau d’obtenir le droit de sortir. Refus. Pendant ce temps les gens chantent pour faire passer le temps. Tout le répertoire traditionnel y passe.
20h22 : les gens sont emmenés un à un, fouille et palpation directement dans la rue, visible par tous.
20h42 : Un CRS m’explique que ce sont les policiers de la préfecture qui nous embarquent pas les CRS. Il tient à ce que la distinction soit faite.
20h50 : les CRS enlèvent leurs casques.
21h15 : un CRS m’indique qu’il s’agirait d’un simple contrôle d’identité rue de l’Évangile.
21h17 : un Italien originaire de Venise venu en France pour 3 mois est coincé aussi et va se faire embarquer avec nous. Il n’apprécie pas vraiment.
21h26 : Avec ma carte d’identité à la main, je demande au CRS qui est devant moi (et dont j’ai noté le matricule) pourquoi les contrôles d’identité ne sont pas faits sur place. Il refuse de regarder ma carte et de me répondre.
Entre temps, les GAV bus font des allers et retour pour emmener tout le monde. Pendant ce temps, les manifestants s’impatientent, chantent ou tentent de négocier avec les CRS.
21h36 : après une fouille et une palpation sommaire contre le camion (ma gourde est vidée), je suis placé dans un panier à salade (pas le grand GAV bus).
21h50 : le panier à salade a fini par partir. Direction la rue de l’Évangile. Arrivée sur place à 22h03.
22h10 : un policier prend nos papiers d’identité qui sont relevés sur une feuille.
22h25 : nous sommes sorti du panier à salade et placés dans la cour où il y a beaucoup de monde. Nous apprenons que c’est garde à vue pour tout le monde. La cour est divisée en deux parties : dans la première ceux qui sortent des bus et qui attendent d’être emmenés à l’intérieur. dans la deuxième partie (séparée par des barrières) ceux à qui la GAV a déjà été signifiée.
22h39 : je compte environ 130 personnes présentes sur place. Par la suite je compterai encore 90 nouveaux arrivants (les GAV bus se succèdent). Certains sont déjà derrière les deuxièmes barrières et leur garde à vue leur a déjà été notifiée. On me dit que les envois vers les différents commissariats de Paris ont déjà débuté.
22h42 : un CRS accepte d’aller remplir ma gourde, je vais pouvoir boire un peu.
22h46 : un CRS veut m’interdire de prendre des photos et de filmer.
23h27 : les journalistes d’Agence Info Libre sont arrivés et filment nos conditions de détention.
23h43 : un par un nous sommes emmenés à la porte, pour fouille et palpation (devant tout le monde à nouveau)
23h49 : certains sont HS, il fait froid, interdiction d’aller au toilette (même pour les femmes) alors qu’elles sont à quelques mètres de là. Les gens demandent à boire, à manger et à pouvoir être placés à l’intérieur.
23h56 : mon thermomètre indique qu’il fait entre 5 et 10°
23h57 : un personne est en train de faire un malaise (hypothermie). Il est emmené à l’intérieur par les CRS. La gêne est palpable au sein de leurs rangs.
23h59 : les gens hurlent « Dictature socialiste ! » et « On a faim ! » Certains s’énervent que leur GAV et leurs droits n’aient toujours pas été signifiés.
00h14 : les gens crient de nouveau « on a froid ! »
Pendant ce temps les CRS sont remplacés toutes les heures (pour le confort m’explique l’un deux) et peuvent retourner au chaud dans leurs camions.
00h47 : 53 personnes n’ont toujours pas été notifiées de leur GAV.
00h53 : ravitaillement en eau pour 250 personnes. Les hommes réclament « Pâté, jambon et saucissons », les femmes des chaussettes sèches.
01h12 : certains ne patientent plus. Discussion avec les CRS et policiers
01h31 : Cela fait plus de quatre heures qu’un CRS a refusé de relever mon identité et de m’expliquer pourquoi les contrôles d’identité ne sont pas faits sur place. J’interpelle les CRS et je demande à avoir une explication d’un responsable. Personne n’accepte de me répondre sur ma GAV manifestement illégale car non notifiée depuis plus de quatre heures.
01h45 : Avant de me faire rentrer dans le bâtiment, un CRS fait une fouille rapide de mes affaires et une nouvelle palpation. Je rentre dans le couloir. Deux minutes d’attente avant de passer devant l’OPJ qui me signale que je suis placé en GAV pour non dispersion après sommation, participation a un attroupement armé et violence sur personne dépositaire de l’autorité publique. Je signale que le délais de 4h est largement dépassé, l’OPJ me dit qu’un magistrat a visiblement autorisé l’extension du délai. J’apprends que l’heure officielle de notre interpellation est 19h15. Je demande à voir un médecin et un avocat. Je refuse de signer le PV. Retour dehors, dans le froid à attendre d’être emmené dans un commissariat.
01h55 : tout le monde a enfin été notifié de sa GAV.
02h18 : les gens ont froid et faim ! Certains demandent des couvertures. Nous n’obtiendrons ni couverture ni à manger.
03h30 : les CRS décident de nous faire rentrer dans les GAV bus pour avoir un peu plus chaud. Le GAV bus ressemble maintenant à un sauna. Nouveau mini ravitaillement en eau.
03h45 : je suis appelé, je sors du bus. Plus le droit d’utiliser téléphone et appareil photo.
04h20 : j’arrive au commissariat de Vincennes, le trajet a été rapide, et les policiers sont détendus dans la voiture. Mes effets personnels sont consignés, une nouvelle palpation est effectuée. Plus de montre, plus de ceinture. Mes chaussures sont placées à l’extérieur de ma cellule (plus simple et rapide que d’enlever les lacets). J’essaie de dormir un peu dans ma cellule individuelle. Nous sommes 3 a avoir été envoyés au commissariat de Vincennes. C’est ma première garde à vue.
9h55 : on vient me réveiller. On me donne une briquette de jus de fruits et un sachet avec deux gâteaux pour le petit déjeuner. Mon avocat est là, entretien avec lui durant 20 minutes.
10h30 : Je passe, en présence de mon avocat devant l’OPJ pour mon audition. L’OPJ me demande d’expliquer ma présence sur place. J’indique que j’étais là pour faire un reportage sur le Jour de Colère pour le compte du blog catholique le Rouge et le Noir. J’indique avoir été présent depuis le début de la manifestation jusqu’à la fin. Elle me demande pourquoi je ne me suis pas dispersé. J’indique avoir des boules Quies dans les oreilles à cause du bruit et n’avoir entendu qu’une sommation de reculer sous peine d’utilisation des gaz. Elle me demande si je reconnais les fait (attroupement armée, violence) : je nie avoir participé aux débordements et indique que je n’ai fait que prendre des photos. Pas d’autres questions. Je demande à ce que soit noté sur le PV les conditions dans lesquelles nous avons été gardés rue de l’Évangile (froid, durée, pas à manger). Mon avocat ajoute par écrit qu’il lui semble que le dossier à mon encontre est bien vide.
11h : je suis emmené a l’unité de consultation médico-judiciaire du centre hospitalier intercommunal de Créteil (4 rue de la prairie). Cette fois-ci je suis menotté durant tout le trajet aller et retour. Nous sommes de retour au commissariat vers 12H.
13h30 : On nous amène le déjeuner : une barquette mal réchauffée de tortellini à la sauce tomate basilic (leur date d’expiration est janvier 2015, pas comme les lasagnes...).
14h30 : le dernier des 3 GAV est emmené en audition.
14h30 : relevé des empreintes et photos. Surpris, je refuse le prélèvement ADN et demande a voir mon avocat avant de m’y soumettre. Le policier m’indique que c’est un fait délictuel supplémentaire, que j’aurai donc une nouvelle audition et que ma GAV sera prolongée. J’apprendrai par la suite que mon avocat n’a pas été informé. Retour en cellule ou j’essaie de passer le temps en récitant le chapelet et en récapitulant mentalement mon séjour en cellule pour préparer mes gazouillis.
18h20 : l’OPJ ouvre la porte des trois cellules de GAV et nous indique que nous sommes libres. Nous signons le PV de sortie (je demande si l’on peut en avoir une copie, ma demande est refusée) et nous récupérons nos affaires.
18h45 : je suis enfin sorti du commissariat et accueilli par le Rouge et le Noir.
Une plainte collective à laquelle j’ai bien l’intention de me joindre devrait être déposée :
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