L’infolettre du R&N revient bientôt dans vos électroboîtes.
18h30 : Début de la manifestation à Port-Royal, les défenseurs de la famille arrivent doucement, mais sûrement. Avenue de l’Observatoire : l’ambiance monte, les gens se pressent. Tout ça est encore très gentillet, les gens, alors encore assez peu nombreux, sont encore très tranquilles. On se retrouve, on discute, on plaisante. Le début est poussif.
Le cortège se met en branle. Tout est encore très calme mais on sent que le ton monte. Tout ces gens qui n’avaient encore jamais manifesté de leur vie il y a un an, sont devenus très pros. Malgré tout, l’ambiance est moins électrique que devant France Télé le 28 mars dernier.
Un peu avant 20h : Saint-Germain-des-Prés envahi par le Pays réel. Même Diderot est avec nous ! Les Lumières se joignent aux obscurantistes...
Sur les balcons du boulevard Saint-Germain, certains nous font des doigts d’honneur, celui-ci nous montre son séant, un autre brandit un drapeau du PCF (les fameux prolétaires qui habitent boulevard Saint-Germain !), d’autres encore (à peine moins nombreux) laissent flotter des drapeaux de LMPT, nous saluent ou encore reprennent nos slogans. Les deux France sont là, à quelques fenêtres, et l’on se demande où est l’unité tant voulue par notre René Coty national. Aux insultes, les manifestants rétorquent des saluts de la main, encore des sourires, des applaudissements ironiques, des huées, des "on sait où t’habites !" sont lancés à la cantonade et en riant. Le ton monte malgré tout.
Après le boulevard Saint-Germain, c’est au tour de celui de Saint-Michel (patron des chevaliers) de nous entendre gronder. Frigide et Tugdual Derville chauffent la foule. M. Derville a bien parlé en rappelant notamment avec fermeté que la non-violence est une force sous la dictature. Frigide est remontée, la mayonnaise prend vraiment ! Les Hommens sont présents mais encore habillés. Ils haranguent la foule qui les encourage.
Une paire d’homosexuels d’une soixantaine d’années brandissent à leur fenêtre un drapeau gay, nous font des doigts d’honneur et menacent de nous balancer leur jardinière. La sécurité de la Manif’ veille à ce que cela ne s’envenime pas trop. On passe devant la Sorbonne et l’on se souvient de la phrase d’un fameux poète provençal : « Reprendre l’Alsace et la Lorraine, c’est bien, mais si on commençait par la Sorbonne ? »
20h30 : La foule est dense, aux abords du Sénat, pour faire barrage au passe en force de la loi Taubira.
21h00 : La Manifestation est arrivée au niveau du jardin du Luxemourg, la plupart des rues adjacentes sont fermées, ce qui empêche les retardataires de s’ajouter au flot de manifestants, sauf s’ils contournent largement le dispositif.
21h15 : Une sympathique connaissance du jardin du Luxembourg semble se distinguer dans la foule. Ne la citons pas, même si sa présence contraste avec ses délicates attentions à l’égard des "campeurs".
21h30-45 : Les responsables de la Manif Pour Tous appellent à la dispersion. Nous suivons les "jeunes mariés" et les "Marianne" d’un jour, des adolescentes ou étudiantes vêtues de blanc et portant le bonnet "frigidien", banderoles à la main, qui s’avancent vers le Sénat dans un mouvement spontané malgré les rappels à l’ordre du service de sécurité (mais que pouvait faire un homme face à des dizaines de jeunes ?)
« Désobéissez, soyez de vrais pères de famille » - Vidéo de la page facebook « Messe Traditionnelle »
21h50 : Petite odeur désagréable, c’est le premier assaut de la police, à grands coups de gaz lacrymogènes. La foule est appelée à reculer, sauf que derrière, il y a des gendarmes qui visiblement ne souhaitent pas nous laisser passer. Nous sommes donc à nouveau encerclés et nous tentons de nous réfugier dans un café qui ferme ses portes, n’offrant que sa terrasse pour refuge.
22h15 : Les gendarmes ouvrent une brèche pour laisser ceux qui le désirent se diriger vers le RER du Luxembourg (porte Saint Michel). Une deuxième suit peu après, suivie d’une troisième aspersion de gaz lacrymogènes. Des manifestants se mettent du citron, du vinaigre et du sérum physiologique mais l’effet est de courte durée, les gaz étant généreusement répandus. Un bruit différent, sec, se fait attendre, nous ne savons pas ce que c’est, mais des regards inquiets sont échangés avec des amis.
22h30 : Nous sommes de moins en moins nombreux. Près de la porte Saint Michel, un jeune homme est appuyé contre un arbre. Il semble plié en deux de douleur. J’entends alors l’ordre de Malte lui dire "nous sommes désolés, nous devons partir. Nous sommes restés plus longtemps que prévu. Voilà, c’est tout ce que nous pouvons faire." Ils lui tendent des compresses et du sérum physiologique. Son amie l’accompagne jusqu’aux portes du jardin. Je vais donc leur proposer de l’aide et d’appeler des secours. Il m’explique qu’il était en "première ligne", qu’il a "reçu des gaz lacrymo et un tir de flashball". Est-ce donc cela, le fameux bruit ? Je lui propose à nouveau de l’aide mais il me dit qu’il se dirige vers la pharmacie du boulevard Saint Michel, qui, heureusement, était restée ouverte.
22h35 : Au niveau de la bouche de métro, je croise un couple qui regarde la scène. Je leur demande ce qu’ils font. Ils me disent qu’ils "
23h : Tandis que certains des manifestants cherchent à rejoindre le Panthéon à partir de Saint-Michel, d’autres se font embarquer à Marx Dormoy. Parmi eux se trouvait notre éminent Réac’ Chef et Alain Escada !
Une photo prise dans un fourgon par notre bien-aimé Réac’ Chef
23h - 1h : Une chasse à l’homme géante s’engage à partir du Panthéon. Les défenseurs de la famille fuient vers Notre-Dame de Paris, les forces de l’ordre à leurs basques. Ils atteignent l’Hôtel de Ville et pullulent rue de Rivoli. Ils prennent alors la direction d’Opéra, avant d’être définitivement bloqués à Madeleine. Ce parcours chaotique autour de l’Elysée s’explique assurément par la présence de policiers en civil, reconnus par nos informateurs, qui ont su guider habilement la foule constituée.
1h30 : Libération des manifestants pris par les CRS, après avoir été laissés dans un panier à salade suffoquant de vapeurs de gaz lacrymo !
Addendum : le récit de mon arrestation, de Carl Moy-Ruifey
22h45 : Les manifestants sont toujours massés sur la place Edmond Rostand. Plusieurs policiers en civil tentent de faire des interpellations dans la foule qui recule et semble paniquer un peu. En compagnie de M., nous crions aux personnes présentes de ne pas se laisser intimider et de rester. Nous ne voyons pas venir la manœuvre des gendarmes. Pendant que M. filme la scène, les CRS encerclent une partie des manifestants. M. et moi-même sommes pris dans le dispositif, aux côtés de nombreux jeunes, membres de Civitas, d’un prêtre et d’Alain Escada.
22h50 : De l’autre côté du cordon de gendarmes mobiles, les manifestants scandent « libérez les camarades ! ». Malgré une tentative d’enfoncer le cordon, c’est un échec. On chante « Ce n’est qu’un aurevoir ».
22h58 (heure du procès verbal) : En compagnie de M., je suis interpellé par les gendarmes mobiles qui nous conduisent deux par deux vers un camion, un « panier à salade » comme on dit. Après deux fouilles, nous montons dans le véhicule. En entrant, un gendarme a tenté de me prendre mon téléphone mobile.
Dans le camion, l’ambiance est survoltée, mais bon enfant. Tous les chants de tradition y passent.
23h20 : Le véhicule démarre, et nous partons, entouré de camions de gendarmerie et sous les vivats d’une partie des badauds.
Nous passons les rues. Finalement, nous nous apercevons que nous sommes conduit près de la station Max Dormoy. L’arrivée au commissariat se fait par la rue de l’Évangile, cela ne s’invente pas … Le camion s’arrête, et l’abbé qui est présent nous donne une émouvante bénédiction avant de préciser quelques consignes plus pratiques : ne rien dire sans la présence de son avocat, si c’est une garde à vue (fort heureusement, cela ne sera qu’un contrôle d’identité, comme nous nous y attendions).
23h50 : Nous descendons enfin du panier à salade. L’ambiance y était rendue suffocante du fait de l’absence d’aération et des particules de gaz lacrymogène déposées sur les vêtements. Malgré tout, l’humeur de chacun restera excellente jusqu’à la fin.
En débarquant, nous découvrons un lieu sombre et glauque : voie de chemin de fer, fils barbelés … Étrange impression. On nous fouille à nouveau de façon systématique avant de nous parquer dans une cour.
00h20 : Les contrôles d’identité débutent. Les officiers de police sont d’une parfaite courtoisie. Celui qui s’occupe de mon cas m’indique que s’il n’avait été de service, il serait également venu manifester. Il déplore aussi que l’affaire Cahuzac relègue la manifestation au second plan.
L’ambiance est détendue. Un policier n’en revient pas : « on m’avait dit que que vous étiez des fachos violents, je n’en crois pas mes yeux. » Pendant qu’on attend pour profiter des commodités, un autre indique : « les chiffres des différentes manifestations fournis par la préfecture sont complètement faux. On sait bien que vous n’êtes pas violents, mais c’est l’image que le pouvoir veut faire passer. Ils sont vraiment à cran ». Enfin un dernier agent se fait prophétique : « ce qui est en train de se passer en France est incroyable. Ça va péter ».
0h50 : Je ressors dans la cour avec M. Dehors, l’abbé et quelques uns entonne des dizaines, à genoux sous le regard un peu gêné des gardiens.
1h30 : Nous sommes libérés. Sur le chemin de la station de métro, nous croisons la rue de la Madone. Il est clair que la Sainte Vierge nous sourit !
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