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[SYRIE] Radio Vaticana - entretien avec Sœur Raghida : « Soit vous dites la chahada, soit vous êtes crucifiés »

23 avril 2014 lysenfleur ,

Ces derniers jours, Radio Vaticana publiait l’édifiant entretien que la station émettant en plus de quarante langues dans le monde a eu avec Sœur Raghida, une religieuse syrienne en fuite d’un pays pourtant autrefois l’un des plus sûrs du Proche-Orient.

Maaloula, symbole en ruine du martyre chrétien dans cette région du monde ravagée par les djihadistes, nous permet de prendre particulièrement conscience de la dureté de la vie pour un chrétien d’Orient.

Sœur Raghida a été à la tête de l’école du patriarcat gréco-catholique de Damas, elle nous livre un regard particulièrement difficile sur le sort de ces chrétiens dont les communautés sont pillées et tuées à travers le pays.

Et donc face à ces atrocités, comment arrivent-ils à vivre au quotidien ?

Ils vont dans des endroits un peu plus calmes parce que les combats se concentrent dans des régions ou dans des villes. Les gens se dirigent vers des zones plus calmes, soit chez des parents soit chez des amis. Les denrées alimentaires manquent. Dans certains endroits, il y a quelques légumes mais ils sont hors prix parce que la vie a augmenté de 500%, pour ne pas dire plus. Il y en a certains qui touchent encore un petit salaire. Il y a encore certains fonctionnaires qui se rendent à leur travail à leurs risques et périls. Ils ne savent pas si en allant à leur travail, ils retourneront vivants ou pas. Et c’est la même chose pour les jeunes qui vont à l’école ou à l’université, puisque pour ne pas laisser les gens dans le sentiment d’attendre la mort, il y a des institutions qui continuent avec ceux qui peuvent y accéder. Il y a une solidarité qui s’est créée entre les personnes. Lorsque le carburant, le gaz, l’électricité et même le pain manquent, les voisins se prêtent entre eux. Le plus grand souci, c’est le souci des enfants.

Comment les chrétiens arrivaient à vivre avant cette guerre ?

La Syrie est un pays laïc, au plein sens du terme. Il y avait une convivialité entre chrétiens et musulmans. Donc, ils s’acceptaient, ils vivaient dans la simplicité. Malheureusement, les évènements sont arrivés. Au début, ils se soutenaient encore. Même jusqu’à présent, toute la minorité qui est neutre continue à se soutenir. On vit tout le temps dans la peur et dans la crainte. Avant ces évènements, on vivait très bien. C’est le seul pays où les chrétiens pouvaient pratiquer, sortir et venir. Il y avait une sécurité qui ne se trouve dans aucun autre pays avoisinant. Les Églises s’entraidaient entre elles. Dès fois, on faisait des processions ensemble, entre orthodoxes et catholiques. Les chrétiens étaient chrétiens. On ne regardait pas la confession et le rite. Il y avait vraiment une entente extraordinaire. Hélas, actuellement, ce n’est plus le cas. Il y a deux tiers des chrétiens qui ont déjà quitté le pays. Et déjà, on n’était pas nombreux. Après les menaces et le massacre de Maaloula, les chrétiens on dit : « Notre tour va arriver. Donc, sauvons les enfants ». Malgré les appels des patriarches et de notre Pape qui disaient « Non, il ne faut pas quitter. Il faut rester là. Il faut témoigner ». Mais ceux qui restent vraiment, ce sont les gens qui n’ont pas les moyens de partir et qui se sont vus refuser leurs visas.

Et en ce qui concerne votre famille ?

J’ai fait deux invitations à ma maman pour venir en France mais par deux fois, le visa a été refusé. Mes deux frères aussi comme d’autres parents, voisins ou amis. Ils ont aussi essayé mais leur visa a été refusé. Comment aider ces chrétiens ? On ne les protège pas parce qu’ils se sentent abandonnés et on ne les laisse pas partir. Ceux qui restent sont vraiment en danger.

Et quelles sont malgré tout vos raisons d’espérer ?

Le Seigneur ne nous abandonnera pas. Il va y avoir des hommes de bonne volonté comme il y en a encore qui travaillent et qui œuvrent pour le retour de la paix, pour soutenir, pour aider, pour aller sur place, mener des actions et témoigner de la fraternité malgré la politique. Ils continuent à prier et ils disent « personne ne meurt avant son heure ». Mais notre pays va se redresser, se reconstruire, rebondir et il redeviendra encore plus fort qu’avant. La solidarité est plus forte qu’avant. Notre attachement au Christ et à notre foi sera encore plus fort qu’avant.

Pour terminer, est-ce que vous voulez ajouter quelque chose ou lancer un appel ?

J’en appelle aux protagonistes, surtout français, parce que la France a une influence extrêmement puissante sur les autres. J’appelle donc ces protagonistes à repenser aux droits de l’homme et à la dignité de l’homme. Je redis aussi à tous mes compatriotes qu’il y a des personnes qui pensent à eux et qui prient pour eux. Donc, qu’ils ne désespèrent pas.

23 avril 2014 lysenfleur ,

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