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Les réactions se succèdent suite au suicide spectaculaire de Dominique Venner, hier, devant le maître-autel de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Certains y voient un acte grandiose, un ultime pied de nez au politiquement correct que cette plume talentueuse étrillait dans ses écrits remarquables, une source d’inspiration. Si je rends hommage, comme beaucoup d’autres, à l’historien brillant, j’estime qu’il est nécessaire de rappeler que ce suicide n’a rien à voir avec ce qui doit être notre boussole dans le monde : l’espérance chrétienne.
Dominique Venner, traumatisé par le militantisme de nombreux prêtres en faveur de l’indépendance algérienne, était un penseur qui combattait autant, sinon plus, l’Eglise que l’Etat. Le démon l’a poussé à se suicider devant l’autel du Saint Sacrifice, qui a vaincu la mort, le jour d’une veillée de prière pour la vie. Par où cette pensée démoniaque s’est-elle infiltrée dans son esprit ? Sans doute par le nihilisme qui le caractérisait, et qui ne doit pas être confondu par une défense des « valeurs » ou de la « mémoire des origines ».
Ce qui animait Dominique Venner était digne d’une saga scandinave : superbe, mais désespérant et asphyxiant. « Les hommes meurent, les bêtes meurent et toi aussi tu mourras, mais un noble nom ne meurt jamais », dit Odin à l’homme dans le Hávamál norvégien. « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point », répond Jésus-Christ (Matthieu 24:35).
Le christianisme est à l’opposé de tous les fatalismes humains ; il ouvre un chemin dans l’avenir. Ce sont les chrétiens, et non les « patriotes » à la Venner, qui sont les témoins de la vraie mémoire des origines : la Révélation divine, qui est à l’oeuvre depuis des millénaires, et qui est toujours au travail, aujourd’hui et demain. Les chrétiens savent d’où ils viennent, mais sont vaccinés à jamais contre la nostalgie terrestre.
Quant à la menace d’une invasion islamique, principale source d’inquiétude de Venner, plutôt que d’un changement de civilisation avec le mariage gay, l’attitude chrétienne est dans le témoignage et l’évangélisation. Pas dans la guerre civile. La seule issue possible à l’immigration de masse est de faire de ces nouveaux Français des chrétiens. Et de refaire chrétiens les vieux Français.
Cela n’empêche pas de confier Dominique Venner à la miséricorde divine. La veillée de prière pour la vie d’hier soir fut maintenue, et apporta la seule et unique réponse valable : le triomphe de la vie sur la mort, le triomphe du Christ sur le péché.
Nous concluons avec le mot du Cardinal André Vingt-Trois, lors de la veillée de prière d’hier soir :
« Evidemment nous ne pouvons pas entrer dans cette veillée de prière sans faire mémoire de l’événement qui s’est déroulé aujourd’hui même ici dans cette cathédrale, où un homme s’est suicidé, pensant par là, par cet acte de violence, faire progresser ses convictions et ses idées dans le monde.
Nous avons purifié la cathédrale par la célébration de l’eucharistie du Corps et du Sang du Christ. Mais plus que la cathédrale, ce sont nos cœurs qu’il faut purifier. C’est de nos cœurs qu’il faut chasser la violence. Jamais aucune violence d’aucune sorte, qu’elle soit physique ou verbale, qu’elle touche l’enfant innocent qui est appelé à naître, ou le vieillard abandonné que l’on veut faire mourir, qu’elle frappe nos adversaires, ou qu’elle nous frappe nous mêmes, jamais aucune violence ne fait progresser l’être humain dans la connaissance de ce qui est bon et dans la volonté de le faire. Jamais aucune violence ne fait progresser l’amour. La violence ne produit que la violence et que la mort. »
Addendum : voici ce qu’écrivait le grand écrivain Chesterton, dans son ouvrage Orthodoxie :
« ... je lus une sottise solennelle et désinvolte écrite par un libre penseur ; il prétendait qu’un suicidé n’est autre qu’un martyr. Cet évident mensonge m’a permis de clarifier le problème. Un suicidé est manifestement l’opposé d’un martyr. Le martyr est un homme qui tient tellement à une chose en dehors de lui-même qu’il en oublie sa propre vie. Un suicidé est un homme qui se soucie tellement peu de ce qui est en dehors de lui qu’il veut voir la fin de tout. L’un veut que quelque chose commence ; l’autre veut que tout finisse. En d’autres termes, le martyr est noble, justement parce qu’il confesse ce dernier lien avec la vie. Renoncerait-il au monde, haïrait-il toute l’humanité, il place son cœur en dehors de lui-même. Il meurt afin que vive quelque chose. Le suicidé est ignoble parce qu’il n’a pas cette attache avec ce qui est ; il n’est qu’un destructeur ; spirituellement, il détruit l’univers. »
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