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R&N : Gaultier Bès, on dit de vous que vous êtes un "catho écolo". Est-ce exact ? Que faut-il entendre derrière ces mots ? Pourquoi cette fibre "écolo " ?
Gaultier Bès : « Catho écolo » ? Je comprends l’expression, mais je récuse l’étiquette. Il faut s’entendre sur les mots. Je suis chrétien, catholique - ou du moins je m’efforce de l’être, par la grâce de Dieu - ce qui implique de chérir et de servir la Création toute entière. Nous n’en sommes ni les propriétaires ni les souverains, nous en sommes les gardiens. Mériterons-nous cette parole de bénédiction que le maître adresse au « serviteur bon et fidèle » dans la parabole des talents : « tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître » (Matthieu, 25) ? Au fond, je n’apprécie guère le mot « catho » qui me semble être une réduction culturelle, sociologique, et donc caricaturale, de ce que signifie, fondamentalement, professer la foi catholique. Il s’agit justement de s’affranchir de certains codes et réflexes, d’un certain vocabulaire (celui des « valeurs » notamment, qu’on finit par confondre avec la vérité de notre foi), pour devenir plus radicalement disciple du Christ. De même, le mot « écolo » est ambigu, charriant avec lui un ensemble de représentations que je ne fais pas toujours miennes. Le slogan « sauver la planète (ou le climat) », par exemple, formule emphatique qui participe d’une sorte de néo-pélagianisme selon lequel l’humanité pourrait obtenir par elle-même, par sa seule créativité technique, le salut du monde. Ou encore les idées de « croissance verte » ou de « consommation éco-responsable » qui me semblent ne pouvoir mener qu’à un amendement superficiel de nos modes de vie, là où il faudrait une révolution – une conversion si vous préférez. L’écologie ayant été définie à l’origine comme « sciences des conditions d’existence », il s’agit moins de notre point de vue de devenir « écologiste » que d’être plus intégralement, plus radicalement chrétien, en favorisant la vie sous toutes ses formes. Beaucoup d’entre nous font donc de l’écologie, comme Monsieur Jourdain de la prose, sans le savoir ! Pour ma part, cette conscience écologique, je ne l’ai pas toujours eue. Elle me vient de certaines lectures suivies de rencontres déterminantes : entre autres, celles d’Olivier Rey (philosophe et mathématicien) et de Vincent Cheynet (directeur du mensuel La Décroissance). J’ai été aussi profondément déterminé par une enfance à la campagne, par le scoutisme, et par certaines expériences décisives comme une longue marche, seul à 17 ans, sur les chemins de Compostelle. Quand on a eu la chance de goûter à la beauté d’une nature préservée, comment peut-on continuer à supporter qu’on la défigure ?
R&N : Vous êtes l’auteur d’un ouvrage intitulé « Nos limites », et avez prévu de lancer prochainement un revue trimestrielle, « Limite ». Le pape François, dans sa récente encyclique « Laudato Si », fait l’éloge de la limite. Mais qu’est-ce que, concrètement, la limite, et pourquoi est-il urgent de la promouvoir ?
Gaultier Bès : La limite n’est pas un bien en soi, c’est un fait. Que je le veuille ou non, je me trouve limité, ne serait-ce que par ma corporéité, ne serait-ce que par mon environnement naturel et social. Je ne peux choisir mes parents, je ne peux ni agir sur le passé ni connaître le futur, je ne peux me trouver en plusieurs endroits à la fois, bref je ne peux plier le réel au moindre de mes désirs. Ce n’est donc pas qu’« il faut des limites », c’est qu’il y en a. On peut tenter de les contourner, on ne peut pas les effacer. On peut par exemple externaliser la gestation d’un enfant dans un autre corps que celui de sa mère biologique (bientôt peut-être, avec l’ectogenèse, dans une matrice artificielle), mais on ne peut pas supprimer le temps de la gestation. On peut repousser artificiellement le moment de la mort, on ne peut pas empêcher qu’elle advienne finalement. On peut découvrir, en creusant plus profond, de nouveaux gisements de pétrole, on ne peut pas éviter que le dernier puits finisse un jour par se tarir. La créativité humaine est impressionnante – parfois bénéfique – mais loin de dépasser les limites, elle ne fait souvent que les déplacer, les remplacer. Au caractère aléatoire des semences paysannes se substitue la stérilité des semences hybrides. A la modestie des médecines traditionnelles le caractère anxiogène et du coup pathogène de la surmédicalisation. A l’étroitesse des terroirs traditionnels l’inconsistance des espaces neutres, standardisés, etc. C’est une fuite en avant qui finira toujours par heurter le mur de notre finitude. Il y a bien sûr des progrès bénéfiques. Qui le nierait ? Mais comme le dit le pape dans sa lumineuse encyclique, « beaucoup savent que le progrès actuel, tout comme la simple accumulation d’objets ou de plaisirs, ne suffit pas à donner un sens ni de la joie au cœur humain, mais ils ne se sentent pas capables de renoncer à ce que le marché leur offre » (209). Les « succédanées » artificiels créent d’autres formes de dépendance, plus insidieuses, que celles des réalités naturelles : dépendance à la consommation, à la mode, à la surenchère publicitaire, à la techno-science... On passe d’un limite l’autre. On tombe de Charybde en Scylla. S’il faut promouvoir le sens des limites, plutôt que leur déni, c’est donc d’abord pour éviter la frustration qui naît le plus souvent du mirage de la transgression. C’est aussi évidemment parce que tout excès est destructeur, le monde, social aussi bien que naturel, étant fait d’équilibres précaires qu’on ne peut rompre sans remettre en cause l’ensemble. Voilà pourquoi toutes les grandes sagesses prônent la prudence, la modération, la retenue, contre la démesure (l’hybris) qui est d’abord une forme de méconnaissance de soi. C’est la leçon centrale des récits fondateurs : du jardin d’Eden à Babel, de Prométhée à Icare, de l’Atlantide à Frankenstein… Il vaut mieux tâcher de se maîtriser que prétendre maîtriser le monde. Il faut réhabiliter les vertus de modération, de retenue, fruits de notre libre arbitre : « Levesque avait dit que pour eux, dans certaines circonstances, un homme doit tout se permettre et tout détruire. Mais Cormery avait crié comme pris de folie furieuse : ‘‘Non, un homme, ça s’empêche. Voilà ce qu’est un homme, ou sinon...’’ Et puis il s’était calmé. » (Camus, Le Premier Homme).
R&N : A l’instar d’un Bernanos écrivant « La France contre les robots », ne prônez-vous pas un combat d’émancipation de l’homme contre la technique qui l’aliène ?
Gaultier Bès : Je dois beaucoup à Bernanos. La lecture approfondie de ses romans et de ses « écrits de combat » m’ont ouvert les yeux sur certains traits de la civilisation moderne dans laquelle les cultes de la technique, de la puissance, du contrôle, du profit, de la vitesse, de l’échange, participent de la même superstition du Progrès. « Ce n’est pas la technique qui nous asservit mais le sacré transféré à la technique » (Jacques Ellul), transformée en panacée, en garantie d’un lendemain qui chante. Mais une technique n’est jamais neutre (au sens où elle pourrait être indifféremment mise au service d’un bien ou d’un mal), elle change toujours l’univers dans lequel on l’a introduite. « Les objets produits par la technique ne sont pas neutres, parce qu’ils créent un cadre qui finit par conditionner les styles de vie, et orientent les possibilités sociales dans la ligne des intérêts de groupes de pouvoir déterminés » (Laudato Si, 107). Comme diraient les gens de Pièces et main d’œuvre, nous ne vivons pas dans un monde avec des ordinateurs, nous vivons dans le monde des ordinateurs. Dès lors, c’est moins de technique qu’il convient de parler que de « système technicien », selon l’expression d’Ellul, dans la mesure où l’humain, au nom même de sa volonté de contrôle et de puissance, perd la maîtrise de ses moyens au profit de mécanismes ou d’algorithmes trop puissants pour lui. « La technique a un penchant pour chercher à tout englober dans sa logique de fer », confirme le pape. La entre l’outil et la machine, telle que la caractérise Hannah Arendt dans Condition de l’homme moderne (1963), est éclairante : « Si la condition humaine consiste en ce que l’homme est un être conditionné pour qui toute chose, donnée ou fabriquée, devient immédiatement condition de son existence ultérieure, l’homme s’est « adapté » à un milieu de machines dès le moment où il les a inventées. […] Tandis que les outils d’artisanat à toutes les phases du processus de l’œuvre restent les serviteurs de la main, les machines exigent que le travailleur les serve et qu’il adapte le rythme naturel de son corps à leur mouvement mécanique. » Moins je comprends l’objet que j’utilise, plus il m’aliène. Plus je m’y fie, plus il me lie. Se connecter, c’est aussi s’enchaîner. Comment rester libre face à l’invasion des écrans, surtout quand eux-mêmes, via les moteurs de recherche, deviennent d’infatigables espions au service du contrôle économico-politique des foules indolentes ? Etant donnés que nous sommes dans ce monde-ci jusqu’au cou, sans pouvoir nous en abstraire, que faire sinon préserver le maximum d’espaces naturels, purs de toute technique et de tout commerce ? A commencer par notre vie sexuelle !
R&N : Le catholique n’est-il pas, nécessairement, un écologiste sans le mot ? Les catholiques, et les chrétiens en règle générale, ont-ils trop souvent oublié de respecter la Création ?
Gaultier Bès : Oui, à l’instar de « chrétiens sociaux », l’expression de « catho écolo » est pléonastique. Je ne pense pas qu’on puisse dire que les chrétiens auraient particulièrement négligé la Création. Il y a quand même une tradition judéo-chrétienne profonde, ininterrompue, qui commence avec les psaumes et dont Laudato Si est le dernier jalon, d’émerveillement et de veille face à la Création. Dans tous les combats pour le respect de la vie, on trouve en première ligne des chrétiens, de manière plus ou moins visible, certes. Cependant, les chrétiens, comme les autres, ont longtemps adhéré aux « mythes modernes » dénoncés par le pape : « progrès matériel sans limite », « indéfini », individualisme, concurrence, consumérisme, marché sans règles, etc. Beaucoup ont souscrit – souscrivent encore – à ce modèle, répercutant la doxa libérale selon laquelle « there is no alternative », qu’ils en souffrent comme le plus grand nombre ou qu’ils en profitent. A force de s’opposer aux réalisations totalitaires du communisme, on n’a pas vu que le capitalisme lui-même pouvait être totalitaire. Pourtant, ces deux systèmes partagent une même vision technocratique du monde, comme semble en témoigner le système hybride, chimérique même, de la Chine actuelle. A mesure que le bloc communiste s’affaiblissait, le bloc capitaliste étendait son empire, et certains font comme si la globalisation actuelle n’était pas foncièrement libérale. C’est moins aujourd’hui la collectivisation des moyens de production qui nous menace que la privatisation des ressources naturelles. « Tandis que la qualité de l’eau disponible se détériore constamment, il y a une tendance croissante, à certains endroits, à privatiser cette ressource limitée, transformée en marchandise sujette aux lois du marché » (Laudato Si, 30). Autrement dit, il semble que bien souvent, on socialise les pertes pour mieux privatiser les profits. Qui paie par exemple les effets dévastateurs de la généralisation des pesticides sur la santé publique ? Qui paie les conséquences des changements climatiques ? Dès lors, je crains que nous autres chrétiens nous rendions trop souvent complices des ravages causés sur la Création, par notre collaboration active à ces systèmes de production et de consommation qui ne prennent en compte ni les besoins réels des personnes ni les limites de notre petite planète.
R&N : Comment, concrètement, un jeune Français moyen peut-il "préserver la maison commune" (Pape François) ?
Gaultier Bès : Il nous faut retrouver le sens de la pauvreté évangélique. Non la misère contemporaine qui déshumanise, mais la simplicité de vie qui désencombre. Cela passe par des choses très concrètes, modestes sans doute. Je ne vais de toute manière pas « sauver la planète », ni même « changer le monde ». Je peux, je dois en revanche m’efforcer de repenser mon quotidien selon le paradigme écologique : lesquels de mes actes entraînent une détérioration de mon environnement social et naturel, lesquels participent d’un esprit d’harmonie, de communion ? Cela passe par un certain nombre de renoncements, qui se révèlent source de joie. Là aussi il faut accepter de ne progresser qu’à petits pas. Pour ma part, je m’efforce de réenraciner, de relocaliser ma vie. Je suis loin d’être exemplaire, l’unité de vie est un combat quotidien, surtout quand on voudrait la vivre radicalement ! Vivre en province facilite grandement cela, notamment parce que j’ai la chance – devenue dans la civilisation de la vitesse un luxe – de pouvoir aller au travail à pied. J’ai par ailleurs renoncé aux voyages lointains – qui nécessitent de prendre l’avion – pour privilégier la découverte des territoires proches, plus accessibles. Avec mon épouse, nous nous efforçons d’adopter un mode de consommation plus sobre. Nous limitons au maximum l’achat de produits industriels, favorisant l’artisanat, les commerces de proximité, l’échange non-monétaire (via le SEL, système d’échange local). Nous achetons presque tout d’occasion. Concernant l’alimentation, nous recourons le plus possible aux circuits courts. Nous mangeons moins de viande, mais de la meilleure. L’AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), grâce à laquelle un maraîcher du pays nous fournit de délicieux paniers, a beaucoup contribué à renouveler notre mode de vie. Nous essayons de suivre une triple exigence dans le choix des produits : qu’ils soient biologiques, locaux, saisonniers. Je rajoute le minimum d’emballages. J’ai d’ailleurs commencé mon compost l’automne dernier. A ce propos, le développement durable, c’est trier ses déchets – ce qui est déjà bien ; la décroissance, c’est les réduire – ce qui est beaucoup mieux. Cela peut paraître dérisoire par rapport aux enjeux globaux, mais il faut bien prendre sa part, aussi humble soit-elle. Cela demande un peu plus de temps, un peu plus d’argent aussi : c’est une question de priorité. La part du budget familial dévoué à l’alimentation a considérablement diminué ces dernières décennies, je ne suis pas sûr que la santé publique y ait beaucoup gagné. Il faut soutenir toutes les initiatives collectives qui cherchent à inventer une « économie » authentique, fondée sur la responsabilité, le partage et la « bonne gestion des ressources de la communauté ». La mise en commun (du covoiturage à l’échange de semences libres), la redécouverte de certains savoirs traditionnels – celui du potager, de l’entretien des outils, etc. –, la pratique du « Faites-le vous-même ! », souvent animées par un esprit de gratuité et de solidarité, ouvrent de belles perspectives. « On répond aux problèmes sociaux par des réseaux communautaires, non par la simple somme de biens individuels » (Laudato Si, 219). Ces changements locaux ne suffiront sans doute pas, mais ils ont le grand mérite de prouver qu’il existe des alternatives. Ils sont surtout à mon sens le meilleur levier pour soulever la chape de plomb techno-productiviste qui, sous couvert de progrès, opprime et broie les écosystèmes et les sociétés.
R&N : Dialoguez-vous avec des interlocuteurs "écolos" issus d’horizons intellectuels radicalement différents, voire opposés ? Comment les faire adhérer à la notion d’écologie intégrale ?
Gaultier Bès : Je ne parle que de ce que je connais (un peu), c’est-à-dire la France. Ce dialogue existe depuis longtemps, au moins de manière fragmentaire, même si malheureusement la méconnaissance ou le sectarisme retardent parfois des convergences salutaires. C’est compliqué, mais ça avance. Les chrétiens ont souvent une vision fantasmagorique de l’écologie (complaisamment entretenue par certains) qu’ils amalgament systématiquement au malthusianisme et au biocentrisme ; les écologistes un vieux fonds d’anticléricalisme, la Genèse étant pour eux une légitimation du système productiviste. Il faut dissiper les malentendus. Côté chrétien, des gens aussi différents que Jean-Marie Pelt – qui publie avec Pierre Rabhi -, François Mandil, faucheur d’OGM et militant EELV, Patrice de Plunkett, le père Michel Durand (animateur à Lyon de Chrétiens et pic de pétrole), la bande d’Immédiatement (Luc Richard, Falk van Gaver, Jacques de Guillebon, entre autres), et bien d’autres, ont déjà créé des passerelles solides entre écologie et christianisme. Que toute une frange du catholicisme français s’approprie l’expression d’« écologie humaine » est un beau signe, d’autant qu’il ne s’agit pas seulement d’un recyclage écolo des combats bioéthiques – le greenwashing, ou écoblanchiment, est une tentation facile - mais d’un changement de paradigme qui replace l’homme au centre non seulement de la société, mais de la nature. La manif pour tous a joué à cet égard le rôle d’un détonateur, puisqu’à travers l’artificialisation de la procréation, beaucoup ont fait le lien avec la marchandisation du vivant en cours par ailleurs. Le mot « nature » vient du verbe nascor qui signifie naître. Le meilleur livre écrit à mon sens sur les questions d’eugénisme, de PMA et de GPA est La Reproduction artificielle du vivant d’Alexis Escudero, auteur proche de la mouvance anarchiste, qui a d’ailleurs subi les foudres de son camp pour avoir rejoint, au moins sur certains points, les positions de LMPT. De même, on sait que José Bové est un disciple de Jacques Ellul, philosophe et théologien protestant, que de nombreux paysans du Larzac étaient catholiques, qu’Olivier Rey est une référence pour beaucoup de militants écolos, que Nicolas Hulot a multiplié les contacts ces derniers temps avec des représentants de l’Eglise pour coopérer au succès de la prochaine Conférence Climat (en décembre à Paris). Quand on voit que Fabrice Nicolino, journaliste à Charlie Hebdo (mais aussi ancien rédacteur avec le prêtre assomptionniste Dominique Lang des excellents Cahiers de Saint-Lambert), écrit sur son blog qu’il « considère dès ce jour François comme un formidable allié dans l’immense combat en cours pour la défense de la vie », on mesure le chemin parcouru. L’encyclique du Saint-Père va désormais être une base solide pour intensifier ces rencontres. L’enjeu n’est pas bien sûr de s’aligner sur les positions des courants écologistes, notamment en négligeant les désaccords qui peuvent subsister, mais de travailler ensemble à une plus grande cohérence réciproque. Il nous revient entre autres de convaincre nos amis écolos qu’on ne peut prétendre défendre les écosystèmes si l’on ne défend pas les embryons humains, ou encore qu’il est contradictoire de combattre les OGM en approuvant l’eugénisme induit par les techniques de procréation artificielle. C’est l’un des buts que s’est fixés la revue Limite !
R&N : Les catholiques engagés en politique, le plus souvent à droite, ont fréquemment le mot "racines" ou "enracinement" à la bouche. Cet enracinement, cher à une droite authentique, nécessite-t-il un retour à l’esprit de préservation de la "maison commune" ?
Gaultier Bès : L’écologie, c’est étymologiquement une pensée de la maison, de la vie commune, de la bonne gestion des ressources : comment vivre en harmonie avec notre environnement, en n’oubliant pas que nous sommes non seulement dans mais de la nature ? Donc, bien sûr, oui, l’enracinement est une condition sine qua non de cette « conversion écologique » à laquelle nous appelle l’Eglise depuis Jean-Paul II. Fabrice Hadjadj a écrit un beau livre sur les racines, intitulé La Terre, chemin du ciel (Les Provinciales, 2002). Mais je ne connais rien à ce sujet de plus clair que ce texte de Simone Weil : « Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l’existence d’une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir. Participation naturelle, c’est-à-dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l’entourage. Chaque être humain a besoin d’avoir de multiples racines. Il a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle, par l’intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie » (L’Enracinement).
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