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R&N : Quels enseignements faut-il tirer de la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines ?
Nicolas Sarkozy : Un enseignement très simple. Dans l’une des plus anciennes démocraties du monde, le Peuple reste souverain.
Ni les médias, ni les élites, ni les commentateurs, ni les sondeurs ne peuvent se substituer au Peuple et décider à sa place. On peut ne pas apprécier le personnage de Donald Trump, on peut avoir été choqué par une campagne marquée par l’outrance mais il n’en demeure pas moins que le Peuple américain l’a élu.
En réalité le Peuple américain a choisi de se déterminer par rapport à la réalité qui est la sienne, celle de la désindustrialisation massive et de la question migratoire. La mondialisation n’est pas qu’heureuse. Elle a représenté un progrès pour toute une partie des habitants de la planète mais elle a conduit à une paupérisation des classes moyennes en Occident. Il faut donc lutter pour protéger notre industrie et ne pas oublier la France périphérique, celle des campagnes. Nous ne pouvons pas accepter que la totalité de l’industrie française et européenne disparaisse. On ne peut pas tirer un trait de plume sur cette question centrale en disant : « C’est du populisme » ; « On n’en parle pas ! ».
R&N : Peut-on faire abstraction, en France, du politiquement correct ?
Nicolas Sarkozy : La victoire de Donald Trump est aussi une réaction très vive du Peuple américain contre un « politiquement correct » qui rend parfois la vie irrespirable aux États-Unis notamment sur les campus, dans les médias ou dans les grandes entreprises. Cette forme d’autocensure de l’expression et de la pensée qui, à l’origine, avait pour but d’apaiser les relations sociales est devenue, avec le temps et avec les excès, une formidable contrainte sociale et un facteur de tension entre les individus. L’autre, dans sa différence, devient un ennemi potentiel dès lors que cette différence, surtout si elle est majoritaire, peut être vécue comme la condamnation implicite de ce que vous êtes. En réalité le politiquement correct est devenu un instrument de pouvoir aux mains des minorités qui après avoir obtenu de ne plus être reléguées, combattues ou méprisées — ce qui fut un vrai progrès — cherchent à imposer leur différence à la majorité. C’est là que cette dérive risque de porter la société à un point de très forte tension, voire de rupture.
Dénoncer la dérive de ce politiquement correct vers la tyrannie des minorités vous oppose nécessairement à tous ceux qui tirent un formidable pouvoir de nuisance de ce politiquement correct mais cette dénonciation est devenue indispensable.
C’est ainsi d’ailleurs que j’ai été attaqué de toutes parts pour avoir simplement dit qu’être Français, c’était se reconnaître dans une histoire commune et que nous en étions les héritiers !
Je refuse de me plier à cette censure qui ne profite en réalité qu’au communautarisme.
R&N : Vous affirmez être le candidat du peuple contre les élites coupées du réel. En quoi l’êtes-vous davantage que vos adversaires ?
Nicolas Sarkozy : Pour une raison assez simple : c’est que non seulement j’ai fait campagne, mais je ne me suis pas contenté de faire campagne dans les médias ! C’est ce que j’ai fait depuis 2014, date à laquelle j’ai décidé de sortir du silence que je m’étais imposé et, je vais vous dire, c’est ce que j’ai fait tout au long de ma vie politique. A l’Élysée je refusais catégoriquement de rester prisonnier de ce palais et j’exigeais de faire plusieurs déplacements en province.
Tout au long de cette campagne j’ai privilégié les petites villes et les villes moyennes, cette fameuse « France périphérique » où l’on voit à quel point notre tissu industriel et social s’est déchiré. Là on comprend et on entend les préoccupations mais aussi la souffrance des Français. J’ai vu et surtout j’ai écouté et je peux vous assurer que ce que l’on entend là où je suis allé, n’a rien à voir avec ce que l’on entend dans les médias.
En trois mois de campagne, à travers les meetings, les déplacements ou les simples signatures de mon livre, j’ai échangé directement et sans filtre avec plusieurs dizaines de milliers de Français. Il est là, le réel !
R&N : La religion catholique est-elle, en France, une religion comme les autres ?
Nicolas Sarkozy : Aux yeux de la République qui ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte, elle est une religion comme les autres.
Au regard de notre histoire, elle est évidemment indissociable de notre identité.
R&N : La France est-elle menacée d’islamisation ? Dans l’affirmative, que doit-on et peut-on faire pour renverser cette tendance ?
Nicolas Sarkozy : Ce qui menace la France aujourd’hui ce n’est pas « l’islamisation », c’est l’islamisme, qu’il prenne la forme odieuse du terrorisme ou celle plus insidieuse du communautarisme. La République ne doit plus reculer.
Ce n’est pas l’application de la règle qui attise, c’est la faiblesse qui divise. L’ordre républicain sera ma priorité, et il s’appliquera à toutes les communautés qui voudraient imposer le leur. Le port du voile sera interdit à l’université. Les piscines n’auront jamais un horaire pour les hommes et un horaire pour les femmes. Les entrepreneurs auront la capacité de lutter contre les dérives communautaires dans leurs entreprises. La France restera la France parce que l’égalité de l’homme et de la femme ne sera pas négociable !
La France restera la France parce qu’elle refusera de continuer la logique des « accommodements raisonnables » avec le communautarisme, en rupture avec nos traditions et notre mode de vie. Nous n’en voulons plus.
R&N : Dans le contexte actuel, la France doit-elle mettre fin à l’invocation directe de la Convention européenne des droits de l’homme devant les juridictions internes et à la compétence de la Cour européenne des droits de l’homme ?
Nicolas Sarkozy : La Cour européenne des droits de l’Homme est là pour défendre les Droits de l’Homme, elle n’est pas là pour forger une loi qui s’imposerait aux nations. J’ai déjà exprimé mes réserves sur plusieurs interprétations de la CEDH, je pense à la politique migratoire mais aussi sur la filiation.
R&N : Vous défendez une « politique familiale ambitieuse ». Quels en sont les principales mesures ? Comment cette politique familiale s’articule-t-elle avec les réformes du système éducatif français que vous prônez ?
Nicolas Sarkozy : La famille a été la principale cible politique et fiscale de ce quinquennat. Les familles sur lesquelles repose l’avenir du pays ont été méprisées, soupçonnées et rançonnées par un gouvernement qui n’avait pourtant que le mot « solidarité » à la bouche.
Je ne veux pas seulement une politique ambitieuse pour la famille je veux remettre la famille au cœur des préoccupations du gouvernement.
Il faut donc rétablir la défiscalisation des allocations familiales pour leur rendre leur universalité, mettre fin au matraquage fiscal, supprimer les charges sur les emplois à domicile, supprimer les droits de succession et surtout faire en sorte de rendre à la famille la place qui est la sienne dans une société où l’État n’a pas à se substituer à la première cellule de la société.
R&N : Quelle attitude adopterez-vous, une fois redevenu président de la République, vis-à-vis de la Russie ?
Nicolas Sarkozy : Renouer le dialogue avec Vladimir Poutine qui non seulement tient une des clés du conflit syrien mais aussi de la sécurité de l’Europe.
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