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La terre du Japon tremble. Cela n’est pas une affirmation vraiment originale et, pourtant, elle porte une signification bien plus profonde que ce qu’il y paraît de prime abord. Pouvez-vous imaginer ce qu’est un tremblement de terre ? Même faible, quand la terre se met à bouger, on se croirait sur un bateau soumis à la houle, sauf qu’il n’y pas de mer sous ses pieds. Croit-on le tremblement terminé que, toujours allongé sur un lit, on ressent le long de son échine de petites vibrations constantes comme si le sol transmettait un message dans une sorte de morse tellurique. Le sol tremble : la terre est vivante, elle peut nous détruire quand bon lui semble. Vérités élémentaires mais essentielles.
Ce genre d’expériences une fois inscrites dans la chair, subrepticement, sans que nous y fassions attention, notre attitude change. Parfois, on rêve de tremblements de terres et on apprend le lendemain qu’il y en a eu un ou plusieurs pendant la nuit. Parfois, on sent des vibrations sur sa table de travail, avant de se rendre compte que c’est le fait d’une personne s’attablant à l’autre bout, et que nous n’avions point vue !
Vivre au Japon, c’est prendre conscience de notre fragilité devant la nature et ses possibles catastrophes. Cette conviction de notre faiblesse et la crainte respectueuse qu’elle entraîne sont inversement proportionnelles à l’émerveillement croissant devant les bienfaits donnés par la terre et devant les paysages vivants qu’elle nous offre. La nature est vivante. Le Japon ne peut être qu’une société soudée et liée, comme dans l’ancien temps chez nous, car les catastrophes naturelles lui rappellent incessamment la vérité de la condition humaine.
En France, nous n’avons que peu – pour ne pas dire « pas » – de catastrophes naturelles de la même envergure qu’au Japon. En tout cas, elles sont suffisamment rares et bénignes – ou circonscrites – pour nous faire oublier notre condition : est-ce une des raisons pour lesquelles l’Occident est tombé dans l’hybris la plus totale ?
Nous avons, en France, bien pire que les catastrophes naturelles. Alors même que la nature nous bénit de ses bienfaits sans presque aucune contrepartie, au lieu de lui être reconnaissants, nous l’oublions dans un excès qui nous transforme en dieux tout-puissants – à commencer par ces écologistes qui pensent pouvoir sauver la nature : pauvres fous qui ne savent pas rester à leurs places ! Oublier la nature qui nous environne ne témoigne que de l’oubli de notre propre nature qui provoque des absurdités comme la dénaturation du mariage.
Nous n’avons pas les catastrophes naturelles mais nous avons les catastrophes sociales. Il est triste de constater l’absurdité dans laquelle se noie notre société. Alors même que nous sommes épargnés par les maux de la nature, sur lesquels nous n’avons aucune prise, il faut que nous commettions le péché infamant de provoquer des catastrophes purement sociales qui devraient être facilement évitées. La société japonaise, même si – ou plutôt parce que – elle est soumise aux destructions périodiques de la nature, préserve et cultive l’amour entre les hommes, et une certaine spiritualité, grâce à la conviction inscrite dans la chair de l’expérience que tout – en ce monde – est éphémère : ce qui compte, c’est l’autre que l’on aime. Il devient par là impossible de devenir individualiste. En Occident, l’explosion de la folie directement issue de l’idéologie révolutionnaire montre les traits d’une société éclatée où nos congénères sont des ennemis, où la méfiance prévaut, où la violence – très rare au Japon, car la violence est avant tout un fait humain et ne saurait provenir de la catastrophe naturelle – règne partout depuis la violence morale jusqu’à l’attentat physique. Les vérités élémentaires sont toujours niées et les derniers vestiges du bon sens se font manipuler sous couvert de gentille mollesse et, par leur manque de foi, happer par les idéologies telles que le socialisme ou le marxisme... Ces dernières horreurs ont d’ailleurs beau jeu d’accuser le capitalisme d’« individualisme », alors même que c’est elles qui le soutiennent depuis les tristes Lumières. Toujours les mêmes tactiques lâches alors que leur principe est la désocialisation de tout être et son isolement en lui-même – la preuve en est faite par la destruction de la famille – : ce mouvement s’appelle socialisme. En une phrase, pour arrêter ces catastrophes sociales, il ne faut plus rien accepter comme allant de soi, et faire attention aux mots.
Il n’est pas normal que nous en soyons presque arrivés à regretter d’être épargnés par les catastrophes naturelles qui ont le mérite de faire prendre conscience aux hommes de leur condition, et empêchent ainsi, en grande partie, l’abomination des catastrophes sociales.
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