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Dies irae, dies illa. A défaut d’être ceux du jugement dernier, ces jours ci sont des jours de colère. Une génération d’indignés se lèvent contre les chantres du désir désordonné. L’indignation fut jusqu’alors réservée à la sphère économique. Elle envahit la sphère morale. C’est d’ailleurs parfaitement logique. Les comportements économiques ne sont pas dissociables des comportements politiques. Ceux qui condamnent la société de consommation, tout en promouvant le désir désordonné d’enfants sont, soit des hypocrites, soit des idiots, soit des schizophrènes. Il n’est pas possible de condamner le capitalisme débridé, tout en se vautrant dans la culture du désir sans borne. Il n’est pas possible de condamner les bonus outrageants, tout en encourageant la consommation d’enfants.
La cocotte-minute siffle. Elle baigne dans la colère contre un projet de loi inique. Le mépris et l’autisme des apparatchiks et de l’intelligentsia firent augmenter la vapeur. Les divers mensonges et manipulations du pouvoir ont fait bouillir le tout. Les plus attentifs entendaient déjà un léger sifflement lors de la semaine de la Passion. La Préfecture a joué un jeu dangereux en interdisant les Champs-Elysées, six jours à peine avant la tenue de la manifestation, et en tentant de faire croire que la manifestation serait un échec. Le résultat fut double. Ils étaient nombreux ceux qui s’étaient mis dans la tête qu’il fallait aller sur les Champs-Elysées, quitte à affronter les forces de l’ordre. Mais il y avait aussi ceux qui ont débordé sur la Place de l’Etoile et les Champs Elysées parce qu’ils étaient trop pressés devant la scène, du fait du trop petit espace accordé.
Le Ministère de l’Intérieur n’est ni idiot ni mal informé. Il savait parfaitement que les opposants au projet de loi étaient (et sont toujours) très remontés. Il savait parfaitement que, loin d’être un échec, la manif’ pour tous devait réunir plus de monde que la dernière fois. Le gouvernement a sciemment laissé dégénérer la situation dans l’espoir de discréditer l’opposition par sa violence. Il s’agit d’une nouvelle provocation. Leur multitude nous pèse, et vient s’ajouter à un sentiment général et grandissant d’injustice. À dire vrai, le gouvernement joue avec les allumettes. La colère gronde.
L’homme est libre. Non pas qu’il puisse tout faire, mais il est maître de ses choix. Si la colère est un sentiment qui gronde, telle la mer un jour de tempête, l’homme a le choix entre la nier, la libérer ou la maîtriser.
La colère est un péché capital subtil. Elle est un désir de vengeance, une soif de rétablir la justice. Il s’agit d’abord d’un sentiment. Dans son premier mouvement, la colère est donc moralement neutre. Mise au service de la justice, elle est même moralement justifiée. Selon Pascal Ide, l’ire est au service d’une cause légitime si trois conditions cumulatives sont réunies : un objet juste, une intention droite et une réaction proportionnée. « La colère devient donc un péché lorsqu’elle est injuste, vindicative ou disproportionnée. Comme l’eau dans le pastis, un seul de ces facteurs négatifs suffit à la troubler ».
Nier la colère, c’est fermer une cocotte minute pour qu’elle ne siffle plus. Tout le monde sait que le résultat est explosif. Libérer la colère, c’est céder à l’emportement, et donc abandonner la maîtrise de ses actes. L’homme colérique n’est plus libre, et donc plus vraiment homme. Il faut donc maîtriser sa colère. Or, la colère provient d’un sentiment d’injustice. De plus, elle peut être légitime si elle a un objet juste, une intention droite et une réaction proportionnée. Il convient donc de rechercher la source de la colère, pour savoir si elle a un objet juste, afin de déterminer avec une intention droite quelle réaction proportionnée convient.
Nul besoin n’est de démontrer que l’objet de notre colère est juste. Sans évoquer l’attitude scandaleuse d’une partie du gouvernement et de l’intelligentsia, le seul projet de loi contre la famille est un objet juste de colère. L’intention droite sera préservé aussi longtemps que le seul objectif recherché sera le retrait de ce projet de loi inique. La réaction doit être proportionnée. Elle doit se limiter au projet de loi ainsi qu’à des pressions sur ceux qui le portent.
Suite aux débordements de ce dimanche, il se dit en ce moment qu’un printemps français est en route. Une telle réaction serait-elle proportionnée ? Au risque de jouer les rabat-joies, il est nécessaire de rappeler les conditions d’une guerre juste :
Les conditions de la guerre juste ne sont donc pas réunies, et l’usage de la violence n’est donc pas une réaction proportionnée en l’état actuel des choses. C’est très regrettable pour les croisés qui rêvent d’établir le règne social du Christ par la force. Néanmoins, qu’il soit permis de rappeler que le règne du Christ ne viendra pas par la force, mais par l’amour. Ce monde passera, la charité ne passera pas. Priez donc pour que la coupe passe loin de nous, mais aussi pour que la volonté du Père soit faite. Car c’est sa gloire qui nous importe. Prions pour ne pas entrer en tentation.
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