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Les effluves de janvier 1933 se font sentir sur la France. Le nazimètre s’affole. Vous aurez sans doute entendu la fin de semaine dernière les propos amusants du nazi de service de début février, Claude Guéant, qualifiant le Front National de « nationaliste et socialiste ». Brrr, ça fait froid dans le dos. Et sur Radio J, en plus… Franchement, il fallait oser. De là à s’imaginer une Marine le Pen à moustache, bras tendu, perchée au-dessus d’une foule paradant en bon ordre en chantant Heidi Heido Heida, il n’y a qu’un pas de l’oie. Mais M. Guéant n’est pas le seul à chanter dans ce registre. De gauche comme de droite, l’indignation antifasciste donne des résultats assez prometteurs, qui se traduisent par une foule de déclarations que je ne résiste pas à égrener. Commençons donc par la saillie drôlatique de M. Letchimy, il y a quinze jours, affirmant, tel un Pierre Truche face à Klaus Barbie : « Vous, M. Guéant, vous choisissez l’ombre (du Bunker ? NDLR)… vous portez une idéologie qui a donné naissance aux camps de concentration ». Pardonnez cet éternel mauvais esprit, mais les exemples sont légion depuis 2007. Honteux parfois, grotesques toujours, ces choix de communication témoignent au mieux d’une improvisation totale, au pire d’une absence totale de vision politique. Sinon pourquoi chercher à faire diversion avec des attaques à peine plus élevées que la pelouse du grand stade de Nuremberg après une procession aux flambeaux ?
Le mois dernier, c’était un Orban à moustache que nous pouvions imaginer à Strasbourg. L’inénarrable Daniel Cohn-Bendit, le vert qui ronge le fruit, qualifiait sa politique de « national-cynique ». La référence est audacieuse, bien qu’un tantinet galvaudée. M. Cohn-Bendit est habitué de ce genre de déclarations. Malgré tout, son auréole ne semble pas s’effriter...
La gauche s’avère être experte de ce genre de discours. Nous avons tous en mémoire ces discours émouvants de SOS racisme ou autres associations, assimilant systématiquement le Front National au nazisme, ou encore ces manifestations rythmées d’élégants « Sarko, facho ». Et que dire du journal le Monde, dont l’illustrateur fétiche, Plantu, nous gratifiait d’une caricature qui en dit long, figurant Marine le Pen et Jean-Luc Mélenchon, le bras levé, avec un élégant brassard rouge... Mais la palme va à nos hommes politiques... Il y a deux ans, le député socialiste Philippe Lavaud, avait dit au sujet de la jeunesse de l’UMP : « Si nous étions pendant la seconde guerre mondiale, elle ferait partie des Jeunesses hitlériennes ». Quel brio ! Et qu’aurait fait notre M. Lavaud ? Peut-être aurait-il voté les pleins pouvoirs à Pétain, comme bon nombre des parlementaires issus de sa famille politique. Je sais, c’est mesquin, mais il avait donné le bâton pour se faire battre. Que les jeunes de l’UMP soient stupides et dirigé par une personne que j’exècre, mais de là à les soupçonner de nazisme... J’aurais plutôt tendance à les accuser de socialisme, au vu de l’idéologie libertarienne qui les ronge... Mais passons...
Pierre Moscovici est également assez doué dans cet exercice. En effet, en septembre 2010, au sujet du renvoi des Roms, ce poète échevelé avait affirmé « On est actuellement dans un climat très pourri, très Vichy ». Certes, le climat est pourri, mais la comparaison, quitte à faire du point Godwin, aurait pu être dirigée vers le Moscou des années 30, les journalistes se prenant bien souvent, comme le dit mon ami Rémi Gousseau, pour des commissaires du peuple.
Mais la droite n’est pas exempte de critiques en la matière, bien au contraire ! Sans tomber dans le discours de l’UMPS, il faut admettre que les partis « de gouvernement » usent bien souvent de cet artifice ridicule pour se convaincre qu’ils marquent des points. Il est certain qu’il est plus facile d’invoquer les mânes d’Adolf Hitler que de parler du fond. Bernard Kouchner, ancien ministre des affaires étrangères, s’était affirmé victime de « réseaux nostalgiques des années 30 et 40 et tous les révisionnistes, ceux d’hier et ceux qui, aujourd’hui, réécrivent l’histoire du génocide tutsi au Rwanda ». Les années 30… A entendre un tel discours, ce sont nos chers politiques qui sont nostalgiques de ces années-là. Sinon pourquoi diantre nous en reparleraient-ils constamment. Si la gauche utilise ces arguments pour attaquer l’adversaire, la droite aurait plutôt tendance à les utiliser pour se défendre. Souvenons-nous de ce vibrant discours de Christian Estrosi, qui, pour justifier le débat sur l’identité nationale, avait affirmé : « Si, à la veille du second conflit mondial, le peuple allemand avait entrepris de s’interroger sur ce qui fonde l’identité allemande (...), alors peut-être aurions-nous évité l’atroce et douloureux naufrage de la civilisation européenne ». Comment dire ? Imaginons Hindenburg proposer ce genre de débat… Vous voyez les nazis participer sereinement à un débat en préfecture, lisant gentiment Mein Kampf en attendant leur tour, pendant que parleraient les communistes de fin des nations et les catholiques de paix dans le monde ? Allez, une dernière, pour la route, histoire de rire encore un bon coup, Jean-François Drouard qualifiait de manière peu amène la gestion de Ségolène Royal : « C’est une dictature du prolétariat certes, mais c’est quand même une dictature. Je vous rappelle que le nazisme était aussi une dictature du prolétariat ». Oui, sans doute ! A n’en point douter, les grands banquiers ayant financé Hitler étaient sans doute issus du prolétariat. J’ai du mal à imaginer Prescott Bush en bleu de travail... Encore un argument bien navrant pour comparer deux situations qui n’ont rien à voir. Que je sache, il n’y a pas encore eu de trains de déportés en Poitou-Charentes.
Mais la liste n’est pas terminée ! Est-ce là un avatar de la « normalisation » du Front National ? Marine le Pen, à propos des prières de rue, avait affirmé « Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment parler de la seconde guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’occupation, on pourrait en parler pour le coup ». Au moins est-elle désolée. Tant mieux, car l’affirmation est stupide. Qu’il s’agisse d’une occupation illégale de l’espace public, nous sommes d’accord, mais la référence à la deuxième guerre mondiale témoigne que Mme le Pen utilise à présent les mêmes armes que ses petits camarades de ce qu’elle appelle l’UMPS. Vautrons nous dans le ridicule, cela ne coûte rien et peut rapporter gros.
En bref, nos politiques ont renoncé aux idées pour succomber à la comédie. En s’essayant aux comparaisons calomnieuses, ils espèrent convaincre les français. Peu importe d’être ridicule, d’assumer la vacuité de son discours. Comme le disait M. Sarkozy lundi sur RTL, à propos des questions concernant son bilan fiscal : « c’est un procès en sorcellerie pour masquer un absence de propositions ». Cette loi s’applique pleinement à cette avalanche de « point de Godwin ». C’est là que nous pouvons mesurer que le Concile de Trente n’a pas fini de faire parler de lui, l’expression « Qu’il soit anathème » étant devenue la maxime préférée de nos politiques.
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