L’infolettre du R&N revient bientôt dans vos électroboîtes.
Cet article est le quatrième d’une série de sept.
Même s’il se suffit à lui-même, nous vous invitons à lire le premier, le deuxième, puis le troisième.
Le mariage charpente la famille, cellule de base de la société, et organise la filiation. On ne peut proclamer une égalité factice entre des couples qui peuvent procréer et d’autres qui ne le peuvent pas, sauf à vouloir s’affranchir de lois naturelles jusqu’alors respectées. La première de ces transgressions consiste à autoriser les couples homosexuels à adopter des enfants.
On me fera peut-être remarquer que l’homoparentalité existe déjà de facto pour des milliers d’enfants. Ainsi, en s’opposant à la possibilité d’adopter par les homosexuels, j’en viendrais à entretenir leur insécurité juridique et donc à leur causer du mal. On me dira aussi, c’est un argument récurent, qu’un enfant élevé par des homosexuels n’a aucune raison d’être plus malheureux que son petit camarade, fils de M. et Mme Michu, et que ce qui importe avant tout, c’est l’amour et l’attention consacrée, pas le sexe des parents. Je suis tout à fait enclins à le croire, ces arguments sont rodés, ils sont bons. J’y opposerai quatre réflexions : la fiction de l’homoparentalité, le rôle de la loi dans la société, l’existence d’une loi naturelle et l’alternative du beau-parent.
Tout d’abord, rappelons que si quelques milliers d’enfants sont effectivement élevés au quotidien par des homosexuels, l’homoparentalité est elle une fiction complète. En effet, il faut encore un homme et une femme pour concevoir un enfant, et même le plus brillant des biologiste ne pourrait se passer aujourd’hui d’un ovule et d’un spermatozoïde. Ainsi, les enfants élevés par des homosexuels le sont soit du fait d’une recomposition familiale (accompagnée d’une nouvelle orientation sexuelle), soit d’un contournement illégal de la loi, par exemple en ayant recours à un don de sperme et à une fécondation in vitro dans un pays qui l’autorise (la Belgique, pour ne pas la citer). À moins de dissocier la fonction de géniteur de celle de parents, l’homoparentalité est donc purement fictive, c’est une construction de l’esprit.
Ensuite, on peut facilement rétorquer aux amateurs des parallélismes, pour lesquels un couple homosexuel stable constituerait un cadre bien plus épanouissant pour un enfant qu’une famille monoparentale en difficultés, que le rôle de la loi n’est pas seulement représentatif mais aussi normatif. Pour le dire autrement, la loi ne fait pas qu’entériner des situations de fait, elle oriente aussi l’évolution de la société. Comme l’explique Socrate à Criton, dans un fameux dialogue relaté par Platon, les Lois (la majuscule est de Platon) façonnent les hommes qui se placent sous leur empire et c’est ainsi que la cité forge des citoyens à son image. Méditez là-dessus : par ses Lois, la cité forge des citoyens à son image. En d’autres termes, ce n’est pas parce que des situations de fait existent qu’il convient de bouleverser le droit, au risque de faire que l’exception devienne règle. Ce n’est pas parce que des familles monoparentales existent et parce qu’on ne peut pas empêcher des couples de se séparer — cela vaut mieux qu’une famille déchirée [ndlr : cette formulation n’engage que son auteur] — qu’il faut pour autant encourager la monoparentalité. Il en va de même pour les couples homosexuels qui élèvent des enfants.
Car on considère qu’il existe une loi naturelle selon laquelle un enfant est nécessairement conçu par un père et une mère, et qu’il est donc plus que vivement conseillé pour cet enfant d’être élevé par son père et sa mère ou, à défaut (cas des orphelins, enfants nés sous X, etc.), de bénéficier d’un cadre de vie aussi proche que possible que cette norme (biologique et institutionnalisée par le mariage). Le droit de l’enfant adopté à bénéficier d’une famille normale — le terme de « normale » étant entendu comme le respect de la loi naturelle rappelée ci-dessus : le père, la mère et les enfants — prime sur le droit des couples homosexuels à élever un enfant. Sans que cela présume de la qualité de l’éducation donnée par les couples homosexuels, le confort des enfants passe avant le leur, a fortiori s’agissant de jeunes êtres qui, privés de leur filiation naturelle, connaissent ou connaîtront déjà le traumatisme de ne pas savoir qui sont leurs parents biologiques. Et que l’on ne vienne pas nous dire que l’on refuse à des orphelins le droit de bénéficier d’une famille d’accueil : le ratio enfants à adopter / foyers volontaires s’établit aujourd’hui à 1 pour 34 — raison de plus pour privilégier l’orthodoxie familiale !
Cela étant dit, et puisqu’il s’agit bien évidement de protéger le plus faible, c’est-à-dire l’enfant, on ne se satisfait pas d’un système qui pourrait le priver de l’un de ses parents de fait, par exemple en cas de décès de sa mère biologique. La compagne de la mère de l’enfant devrait, je crois, pouvoir obtenir sa garde et l’autorité de tutrice. Cette disposition est déjà possible aujourd’hui par un acte sous seing privé déposé chez le notaire. Nous pourrions l’étendre dès le vivant des parents. Il suffirait de créer un véritable statut du beau-parent qui permettrait d’encadrer les relations parfois juridiquement vierges entre enfants et beaux-parents dans les familles recomposées et chez les couples homosexuels [ndlr : cette opinion n’engage que son auteur]. Voilà qui ferait sans doute consensus.
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