L’infolettre du R&N revient bientôt dans vos électroboîtes.
Cette question, à laquelle tout socialiste bien né répondra par l’affirmative, est purement rhétorique. Cela fait bien longtemps que le parti à la rose n’a plus grand-chose à faire des classes laborieuses, qui depuis des années ont décidé de lui tourner le dos pour faire le bonheur du Front National. L’immigré, la femme exploitée et l’homosexuel brimé sont les nouveaux damnés de la terre, et la discrimination, réelle ou supposée, est la nouvelle exploitation. La lutte des « egos » est la nouvelle des classes. Le clivage n’est plus économique. Il est idéologique. Il n’est que théorie, et a pour ennemi la nature, créatrice d’inégalités qu’il faut surmonter, au besoin en s’asseyant sur la démocratie et l’éthique, car il faut faire la volonté du peuple, qu’il le veuille ou non. Ces « discriminés » sont une clientèle que le parti veut s’assurer pour remporter les élections. Le droit de vote des immigrés est à cet égard révélateur. Les immigrés seraient ainsi une manne électorale qui remplacerait des ouvriers paupérisés tournés massivement vers la droite nationale. Alors il échafaude chaque jour de nouvelles discriminations, en banalisant tout comportement, et en prenant fait et cause pour tout fait social, considérant que lorsqu’il existe, il est hypocrite de l’interdire. Nous en avons l’exemple avec le « mariage » gay, l’euthanasie. Nous le verrons bientôt avec la polygamie, des magazines comme Têtu en faisant déjà la promotion. Après tout, s’ils s’aiment ?
Cette politique se nourrit de communautarisme. Nous en avons eu la démonstration le soir de l’élection de François Hollande, avec les drapeaux de l’ensemble des nouvelles castes, unies dans leur diversité, ou plutôt unies dans leur désir de ne plus l’être. C’est la désagrégation de la nation se profile au bout du chemin, chaque communauté se battant pour ses propres intérêts, et oubliant qu’une société, c’est d’abord un tout.
Laissez faire ! Voici la nouvelle devise du Parti Socialiste. Encadrer les comportements par des lois afin de gagner une nouvelle clientèle, voici son mode d’action. Laissez faire, et surtout, taisez-vous, ennemis de la liberté, primates au cœur insensible, auquel le parti ou l’un des groupes de pression l’auréolant vous prêtera une « -phobie » nouvelle, que les médias s’empresseront de rapporter, vous montrant par exemple des jeunes homosexuels choqués par les propos des adversaires du mariage, et prenant bien soin d’éluder la peine de ceux qui chaque jour se font traiter d’homophobes.
Laissez faire ! Le Parti s’insurge contre tout ce qui entraverait la liberté et l’égalité. L’égalité, marotte très française, et qui dans ce pays a remplacé la justice, nous imposera bientôt, une fois la procréation médicalement assistée votée, la si belle et si humaniste « Gestation pour autrui », mélange sucré de biologie et d’altruisme, cache-sexe du peu engageant qualificatif de « mère-porteuse ». Madame Vallaud-Belkacem, la tête chercheuse à discriminations du gouvernement, la présente comme une « éthique du don », dans un article daté de 2010, et qui fait grand bruit sur la toile depuis quelques jours. Ce texte, imprégné de déconstruction, nous présente le phénomène des mères porteuses comme étant une marque de générosité gratuite, dans une société ayant perdu le sens du don. Reprenant l’argument expliqué plus haut : lorsqu’un fait social existe, il ne sert à rien de lutter contre lui, il faut l’accompagner. Laissez faire ! L’adage d’Adam Smith nouvelle arme des socialistes, il fallait y penser. Là encore est esquissée l’autre méthode du parti, à savoir la marginalisation de l’adversaire, en qualifiant les partisans de cette pratique comme des « républicains progressistes ». Les autres sont des réactionnaires, des gens qu’il faut rééduquer, des gens qui n’ont pas tout compris, des gens qui doivent bien finir par se rendre à l’évidence que la société bouge. Et à coup de programmes télévisés et de journaux sur France Intox, (la désinformation 24 heures sur 24), le gavage peut faire « changer les mentalités », et permettre à chacun de se sentir bien dans sa communauté, mais à condition de ne pas se mêler des autres.
Madame Vallaud-Belkacem n’est pas idiote. L’ingénuité que l’on pourrait lui prêter en raison de son physique de lycéenne populaire cache une redoutable tête (bien) pensante de la gauche libérale, qui en définitive sert les forts et abaisse les faibles. Son intelligence réside dans le choix des mots. « Gestation pour autrui ». Elle raccroche par cette expression formatée la réalité sombre de la mère porteuse à de l’altruisme, voulant d’un revers de main balayer l’idée d’une marchandisation possible. Une mère-porteuse bénévole, en somme. Un remède à l’infertilité, somme toute, et remboursé par la sécurité sociale, par-dessus le marché.
Or, il est naïf de croire que la légalisation des mères porteuses, même encadré par des lois, ne dérive pas dans la clandestinité, dans l’esclavage de femmes étrangères, ou dans la concurrence. Le « laissez faire » en matière morale trouve toujours son écho dans le monde de l’argent. Jean-Claude Michéa l’explique dans ses travaux d’une manière très simple : le libéralisme social, qu’elle abrite derrière la nécessaire adaptation aux « évolutions des mentalités », dans sa sempiternelle vision darwiniste de la société, est toujours accompagné du libéralisme économique. Plus largement, comment peut-on envisager qu’une société qui suit les désirs de l’ensemble des groupes de citoyens ne devienne pas indifférente au sort des plus faibles, que ceux-ci soient des foetus, des femmes pauvres, ou des ouvriers ? Comment une société qui sacrifie le bonheur des uns sur l’autel de l’hédonisme des autres peut-elle faire croire qu’elle protègera les plus faibles ?
Mais les questions des développements d’une telle pratique se posent encore : Comment peut-on raisonnablement penser qu’une femme qui a porté un enfant en elle pendant neuf mois puisse s’en débarrasser de bon gré ? Le désir d’enfant des uns doit-il légitimer la souffrance, voire même le risque encouru, des autres ? Et, tout simplement, le désir d’enfant crée-t-il un droit à l’enfant ? C’est la réification de l’enfant qui ressort de ces revendications. On aurait le droit à l’enfant comme on a le droit aux allocations familiales. Est-ce là la fameuse « éthique du don » que de considérer qu’un désir certes légitime, mais surtout centré sur soi, puisse exiger qu’une autre se sacrifie ? Et au nom d’un désir perçu comme étant purement « matériel », puisque centré sur un « droit à » l’enfant, et pas sur l’intérêt objectif de l’enfant. Le droit à l’enfant comme il existerait un droit au logement ou un droit à se déplacer librement. La « logique consumériste » incriminée par le ministre est en fin de compte à la base de son raisonnement.
En définitive, n’en déplaise à Madame Vallaud-Belkacem, les barrières sauteront une à une. Comme toujours. Nous allons sauter à pieds-joints dans un drame hugolien. Souvenons-nous de la mère de Cosette, Fantine, qui vendit ses cheveux et ses dents, se prostitua et mourut. La seule différence est que grâce à Madame Vallaud-Belkacem, elle n’aura plus d’enfant, l’ayant vendu.
Le problème qui se posera inéluctablement, et contrairement à ce que pense Madame Vallaud-Belkacem (si, bien sûr, elle le pense vraiment. Rien n’est moins sûr), c’est que la légalisation des mères porteuses sera un vecteur d’inégalités de plus, car, comme l’avait écrit Monseigneur Centène, évêque de Vannes, en décembre dernier, « On n’a jamais vu une femme riche porter l’enfant d’un couple pauvre, fût-il homosexuel ». Et on ne le verra pas, il suffit d’être réaliste. Ce seront des femmes pauvres qui se verront contraintes par la contrainte à donner leur enfant à des couples riches, ou au mieux des classes moyennes supérieures, qui d’ailleurs seront remboursés par ceux qui veulent encore croire que la France est une société solidaire. À la vérité, les mères porteuses sont le symptôme d’une société occidentale qui ne perçoit plus l’Homme comme étant une personne, mais un objet. L’enfant est un objet de droit. L’enfant, ayant grandi, est un objet de désir. A partir de cela, peut-on imaginer même qu’une femme puisse vendre son enfant quelques années après sa naissance ? Cette idée relève certes pour l’instant de la science fiction, mais s’il existe un droit à l’enfant, s’il devient un objet de droit, dès lors, tout peut être imaginé. Depuis quelques années, tout peut être imaginé.
La femme deviendra alors un objet productif, puisqu’il n’y aura plus de différence entre louer son utérus et travailler à l’usine. Et quelle sera la prochaine étape ? Des sites recensant les mères porteuses ? Le choix des caractéristiques physiques de l’embryon ? Tous ces exemples sont certes extrêmes, mais le débat actuel nous les autorise, car ce qui était inenvisageable au moment du vote du PACS l’est aujourd’hui, et ce qui est vu comme un fantasme d’intégristes, à savoir la polygamie, est déjà promue, au nom du laissez faire. En définitive, le Parti Socialiste se fait le valet du capitalisme le plus sauvage, au nom de l’égalité. Nous pouvons frémir d’angoisse, car que nous apportera sa prochaine génération ?
Paysan breton
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