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Nouvelles Causeries japonaises – De la libération de la femme

Nouvelles Causeries japonaises

XXVI – De la libération de la femme

Le 1er avril 2014 à Hiyoshi

La modernité a l’art de parer de jolis mots des faits sordides et excelle dans la dénomination d’une réalité par son contraire, ce qui entraîne l’amère conséquence de faire croire aux victimes qu’elles n’en sont pas… Ce puissant poison dissout, par le relativisme, tous les repères et les ancres nécessaires à une claire vue des choses. La modernité – qui prône l’individualisme – est bien le parfait outil pour faire de chacun son propre bourreau, et elle consacre un nouveau genre de tyrannie sur ce terreau fertile à un asservissement renouvelé fondé sur l’idéologie et le piège de la cohérence uniforme et unique.

L’exemple, peut-être le plus frappant et témoignant bien tristement de ce phénomène, se trouve probablement dans le féminisme d’après-guerre, celui qui revendique la libération de la femme et la féminité, comme si tout être humain n’était pas libre par nature et comme si la féminité était mise à mal… !

On pourrait croire, à première vue, que la revendication de l’époque, revendication qui a formaté bon nombre de femmes et d’hommes de la génération d’après-guerre, pouvait être légitime ; mais cela, comme nous le constatons aujourd’hui dramatiquement, est totalement faux. Lorsque l’on constate que ce féminisme, encore presque sympathique, a laissé place à la fureur totalisante et démesurée qui veut faire du sexe un choix, et qui veut radicalement arracher – même si cela est impossible – l’être humain à la nature, des doutes face à ce qui fut considéré comme « bon » et « normal », à savoir la libération de la femme, commencent à surgir. Une fois que l’on prend conscience de la destruction de masse de la belle harmonie des couples, de la naturelle complémentarité des sexes et de la généralisation du meurtre, avec – suprême horreur ! – force indifférence et de plus en plus de complaisance, le malaise nous saisit prodigieusement. Enfin, quand l’on voit autour de nous ce nombre croissant de gens, hommes, et peut-être encore plus femmes, qui semblent irrémédiablement perdus, en train d’errer, de se divertir tant qu’ils peuvent, de souffrir au-delà de l’imagination, d’être asservis à eux-mêmes et aux chimères doucereuses du diable, on commence à comprendre l’ampleur de la catastrophe et le chavirement de la société.

La libération de la femme est un asservissement. Pourquoi donc affirmer cela péremptoirement ? Il suffit de discuter avec des féministes de cette génération pour que sautent aux yeux certaines choses incroyablement simples, mais pourtant étrangement invisibles pour la majorité. Tout commence par un débat sur le meurtre pré-natal, revendiqué comme un droit. Après un échange serré, je fais reconnaître qu’il s’agit là d’un meurtre. Mais, en face, on ne démord toujours pas, et on revendique, en fait, le droit au meurtre, fondé sur l’individualisme et l’égoïsme. Cette tactique vise à mettre fin au débat, en rendant l’affaire privée. Sauf que la demande est de reconnaître le meurtre. On creuse un peu, et on découvre alors le motif profond, et réel, de cet acharnement à défendre la libération de la femme : l’argument censé tuer consiste à relever l’injustice de la femme qui se retrouve seule à devoir élever son enfant, sans le père, qui peut disparaître, divorcer et autres.

La détresse devait certainement être réelle à l’époque, mais la solution proposée reste un leurre. Je réplique alors : pourquoi donc ne pas protéger la vie quand même, et simplement chercher le père pour qu’il prenne ses responsabilités. Il est entendu que le divorce est alors impossible puisque, devant la vie, on ne peut fuir devant Dieu, et en plus, avec les progrès de la génétique, il n’est plus vraiment difficile de déterminer qui est le père (pour faire simple). Silence.

Il est certain que prétendre régler une détresse en autorisant le meurtre se résume à une terrible monstruosité qui ne s’assumait pas dans la plupart des esprits. Tout cela révèle cependant un fait bien plus profond et grave : pourquoi cette pseudo-libération est-elle arrivée si tard, alors que le pseudo-asservissement des hommes est censé durer depuis la nuit des temps ? La raison en est simple. Outre, bien entendu, la fausseté historique de tout asservissement, le phénomène déclencheur de cette folie de libération chronique et obsessionnelle provient directement de l’isolement de ces femmes, qui ne pouvaient compter sur rien d’autre que sur elles-mêmes ou l’État. L’être humain est ainsi fait qu’il ne peut s’empêcher d’être faible et qu’il préfère souvent tuer plutôt que d’affronter seul un tel devoir, devoir qui n’est un fardeau que pour nos contemporains. Et que fait notre société pour guérir ce mal de l’individualisme et de l’isolement ? Elle libère la femme, c’est-à-dire qu’elle augmente encore l’isolement et l’indépendance qui n’est rien d’autre qu’un asservissement supplémentaire. Plus personne pour venir à son secours, puisque de toute façon on ne portera secours à personne, à tous les niveaux, dans toutes les proportions.

Cette situation est dramatique. La seule conclusion humaine, pourtant, qui devrait émerger, est la suivante : cet isolement et ce manque de lien social sont des maux terribles que chaque communauté, chaque tissu social, devrait autant que faire se peut guérir par la re-création dudit lien social. Mais non : rien de cela, finalement… les illuminés, face à la détresse, n’ont proposé que davantage de détresse, davantage de perdition, davantage d’asservissement, sous couvert de « libération ».

Il suffit de regarder le résultat et de voir où nous en sommes… Comment toute une génération fut-elle si facilement abusée ?

— Paul-Raymond du Lac
Pour Dieu, Pour le Roi, Pour la France

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