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De nos jours, dans la plupart des églises françaises, la Communion des fidèles consiste en une longue ligne de personnes s’approchant d’un « distributeur » dans la plupart des cas laïc, chacune faisant un geste à sa convenance (signe de croix, génuflexion...) au moment où cela lui vient, rendant une impression de désordre et de grand laisser-aller. De même, la pratique de la réception du Très Saint Sacrement dans la main instaure un désordre regrettable, puisqu’au delà de certaines « pinces de crabe » particulièrement disgracieuses, après avoir pris l’hostie dans leur main, certains la mangent directement sur place, d’autres s’écartent d’un pas, d’autres enfin attendent de s’être éloignés pour le faire. Cette désarticulation dommageable au geste de la communion trouverait pourtant facilement une solution dans les recommandations du très éclairé cardinal Ranjith, archevêque de Colombo, qui invitait à supprimer la communion dans la main.
Pourtant, nombre de croyants français persistent à voir dans cette pratique la marque de la modernité, ou de la dignité des fidèles considérés comme adultes. Ils usent souvent d’un argument redoutable pour appuyer leurs positions, et citent les paroles du Christ lors de la Cène, reproduites lors de la liturgie : « Prenez et mangez en tous... » pour conclure que les fidèles devraient « prendre » la communion avant de la consommer. Cependant, une chose interpelle : le premier mot de cette phrase et le premier mot du chant de communion chanté dans certaines églises de tradition byzantine (slaves et géorgiennes), traduisible par « Recevez le Corps du Christ, buvez à la Source éternelle » sont, dans les langues liturgiques correspondantes, exactement les mêmes. Faut-il donc croire que la tradition scripturale orientale ait choisi l’idée de « recevoir » à l’inverse de celle de l’Occident ?
Point du tout. Puisque c’est depuis le latin que les textes liturgiques ont été traduits à la suite de la réforme du missel romain de 1969, regardons le mot utilisé à cet endroit par le latin. Ce mot est accipite, un mot latin qui, dans toutes ses acceptions, implique un rapport d’absolue passivité du sujet. Il faut donc imaginer que les traducteurs (dont ce ne fut certainement pas le premier manquement) ont confondu accipite avec capite, pour ne pas soupçonner une volonté derrière cette erreur, ce qui serait tout à fait criminel.
La tradition romaine donne pourtant une réponse précise, rétrospectivement, à ce problème : les fidèles sont invités à s’agenouiller devant la barrière du chœur, et à placer leurs mains sous le drap blanc étendu par les acolytes, afin que le prêtre s’assure que rien ne sera tenté pour manipuler les Saintes Espèces. Cette tradition exclut donc radicalement la pratique de la réception dans la main : à partir d’une mauvaise traduction et de la volonté de certains fidèles de se faire une image d’eux-mêmes qui les satisfasse, les paroisses françaises ont perdu une tradition belle et pieuse, et y ont gagné le désordre et l’absence d’harmonie au moment où l’Église devrait se montrer sous son jour le plus docile à son Seigneur. Il serait temps de revenir à ce que la Tradition a toujours garanti de beau, digne, juste et fidèle à la parole du Seigneur.
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