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[EX-LIBRIS] La tradition Fontquernie, de Gilbert Cesbron.

La tradition Fontquernie est un roman de Gilbert Cesbron, publié en 1947 chez Robert Laffon. Ce roman n’est certes pas le plus connu, mais parce qu’il aborde indirectement le thème de l’aristocratie et surtout celui de la noblesse, j’ai choisi de le recenser pour le dossier du mois.

Gilbert Cesbron est un écrivain français du XXe siècle, dont l’inspiration est catholique. La foi catholique, l’amour de la France, la dignité de l’homme de sa conception à sa mort naturelle, la jeunesse délinquante et l’action sociale sont des thèmes récurrents dans ses productions littéraires.

Il étudie au lycée Condorcet puis à l’école des sciences politiques de Paris, ce qui aurait dû le conduire à une grande carrière politique. Pourtant, il choisit de se consacrer à sa passion : l’écriture. Ainsi, il est l’auteur de romans, pièces de théâtre, feuilletons publiés dans des journaux et quelques articles de presse.

Dans son roman La Tradition Fontquernie [1], nous suivons le héros, un jeune homme nommé Antoine de Fontquernie, issue de l’aristocratie française. Antoine mène une vie tranquille entre Paris où il étudie les sciences-politiques et Fontquernie, la propriété de famille dans une province française. Dernier de trois garçons, il est bien différent de ses ainés : davantage intellectuel que sportif, sensible et réservé, il étonne son père et ses frères, eux qui passent leurs journées dehors en rythmant les journées par de l’équitation et les séances de gymnastique. Les années trente, durant lesquelles se déroulent le récit, auraient pu être synonyme pour Antoine de légèreté : il y voit naître un sentiment amoureux qu’il a du mal à exprimer et comprendre, ses années étudiantes s’accompagnent de réunions amicales autour d’un verre et de discussions animées après les cours. Bref, il quitte doucement le temps incertain de l’adolescence pour devenir un jeune homme.

Malheureusement, la Seconde Guerre mondiale éclate et lui et ses deux frères doivent partir. Comme beaucoup de jeunes gens de sa classe sociale, Antoine est réquisitionné dans la cavalerie et se retrouvera affecté dans une unité militaire qui combat à l’Est de la France. S’ensuit alors une longue correspondance épistolaire entre les différents protagonistes jusqu’à ce qu’Antoine sache qui il est d’une part, et que le lecteur et un personnage comprennent ce qu’est la tradition Fontquernie d’autre part. [2]

Dans un registre soutenu et avec un humour parfois pinçant, Gilbert Cesbron brosse dans ce roman le portrait d’un jeune homme qui vit en décalage avec le monde dans lequel il grandit. Son éducation aristocratique ne s’arrête pas à la particule, bien au contraire. Amoureux fervent de son pays, c’est avec courage qu’il part combattre pour la France. Catholique convaincu, Antoine n’hésite pas à défendre par le verbe le Christ auprès de ses camarades étudiants et ainsi témoigner de sa foi. Attaché à la propriété familiale, c’est toujours avec joie qu’il y retourne pour la fin de semaine ou les vacances. Conscient qu’il héritera un jour d’une terre et d’un patrimoine, il s’applique chaque jour à en être digne. Des traits de caractère et de personnalité si précieux pour la jeunesse d’aujourd’hui.

Maîtrisant à la perfection un vocabulaire riche et les codes de ces vieilles familles aristocrates, Gilbert Cesbron enchante le lecteur avec ce récit. Il émerveille avec ses phrases travaillées, son sens du détail pointilleux et son honnêteté intellectuelle. Cependant, force est de constater que ce qui aurait pu être grandiose et devenir un classique de la littérature est quelque peu poussiéreux aujourd’hui. Pour autant, le livre La tradition Fontquernie mérite que nous lui redonnions toutes ses lettres de noblesse.

La lecture de ce livre apportera à chacun un leitmotiv de vie : nous devons nous souvenir que la noblesse d’une personne ne repose pas dans son nom de famille, avec une particule ou non. Il existe la noblesse de cœur, l’aristocratie de l’engagement pour l’amour de sa patrie, bien plus grande, bien plus belle et Antoine de Fontquernie en incarne le parfait exemple.

Charlotte de Kerennevel

[1Un roman à lire dès l’âge de quinze, mais appréciable à l’âge adulte.

[2Mais pour cela, je vous invite à lire le roman.

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