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La Nativité selon Saint Antoine de Padoue

Tout le monde connaît Saint Antoine de Padoue (1195-1231). Tout le monde l’a vu dans les églises de France, même les plus perdues, représenté sous la forme d’une statue portant l’enfant Jésus. Tout le monde connaît sa faculté, si on le prie, de retrouver les objets perdus. Mais peu de personnes savent qu’il a été distingué du titre de Docteur de l’Église en 1944 par le pape Pie XII. Il est surnommé le Docteur évangélique, en raison de sa grande connaissance des Évangiles mais aussi de l’Ancien testament. En effet, il fait dans ses sermons, qu’il a compilés par écrit pour former ses frères franciscains, beaucoup d’analogies entre les textes de l’Ancien et du Nouveau Testament. Il montre donc aux marcionites encore existants, c’est-à-dire ceux qui estiment que le Nouveau a abrogé l’Ancien Testament, que depuis longtemps dans l’Église, les clercs se sont servis des Évangiles pour éclairer de nombreux passages de l’Ancien Testament. Saint Antoine de Padoue commente toujours l’Écriture sainte en lui restituant ses quatre sens : son sens littéral, allégorique, moral et anagogique. Le lecteur saura donc d’abord de quoi le texte parle explicitement, ensuite à quoi il peut faire penser dans d’autres parties de la Bible et en quoi il est éclairant pour la vie morale et enfin comment il peut être lu pour améliorer notre connaissance des choses divines.

St Antoine de Padoue souligne que la naissance du Christ est venue combler le vide qu’avait laissé le péché du premier homme Adam. Elle s’est réalisée par le biais de la Vierge Marie qui a enfanté le Fils de Dieu. « Quelle ne serait pas la gloire d’une pauvre femme si elle donnait un fils à un empereur mortel ! Combien plus grande est la gloire de la Vierge qui a donné un Fils à Dieu le Père ! » [1] Reprenant Saint Augustin, il rappelle que la divinité et la majesté de Jésus lui viennent de son Père céleste, que son humanité et sa faiblesse lui viennent de sa mère. Né au sein d’une humble étable, le Christ sera enveloppé de langes par la Très Ste Vierge. Le Docteur franciscain fait remarquer qu’à sa mort il sera de la même manière habillé d’un linceul. Autour de l’étable, des bergers veillaient sur leur troupeau durant la nuit. Nous aussi devons veiller à garder nos pensées et désirs honnêtes éloignées des suggestions du démon. L’ange leur annonce alors qu’un Sauveur est né.

Comme les enfants qui sont injuriés et qui oublient rapidement le quolibet une fois qu’on a détourné leur attention sur un jouet, Notre-Seigneur Jésus-Christ, offensé par nos péchés mortels, les oublient vite si nous les regrettons et les confessons. Il n’est donc pas anodin que le Christ nous ait d’abord été connu sous les traits d’un petit enfant. Le nourrisson est incapable de pécher, de faire du mal au prochain, d’envier ses richesses ou de contempler la beauté du monde. Le pénitent en état de grâce ressemble à ce petit enfant car l’idée du péché lui devient de plus en plus étrangère alors que celle de Dieu lui apparaît de plus en plus proche. La joie que nous procure la venue du Sauveur doit être aussi de mise en présence d’un nouveau converti car c’est le signe d’une victoire sur le mal. S’appuyant sur le prophète Isaïe et son image de l’enfant jouant au milieu des vipères, St Antoine insiste sur l’importance de cette naissance qui a libéré le monde du démon. Car la nativité va de pair avec la Rédemption opérée grâce à la mort du Christ à la suite de sa Passion. Elle nous permet de nous sauver du péché et d’espérer un jour après notre mort terrestre contempler Dieu éternellement.

Pour le Saint Patron du Portugal, le sens littéral de l’Évangile de la Nativité est donc la joie que procure à tous les personnages la naissance de l’enfant Jésus. Son sens allégorique, se fondant sur les prophètes Ézéchiel et Isaïe ainsi que sur le livre des Rois, nous invite à méditer sur le fait que l’enfant Jésus est un modèle de pardon, qu’il nous sauve du péché et qu’il est notre champion en ce qu’il nous a ouvert les portes du ciel. Le sens moral de l’épisode de la Nativité est pour le Docteur évangélique l’occasion de faire une analogie entre le nouveau-né et le pénitent car celui-ci naît une nouvelle fois lorsqu’il se purifie du péché. Aucun sens anagogique n’est en revanche donné par le Saint Docteur.

Karl Peyrade

[1ST ANTOINE DE PADOUE, Sermons des Dimanches et des fêtes, Tome 4, trad. par Valentin Strappazzon, o.f.m. conv., Cerf, Paris, 2009.

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