L’infolettre du R&N revient bientôt dans vos électroboîtes.

Marguerite, bloody steak.

Paru le 29 mars 2012 dans Le Monde un article d’une sagacité remarquable, intitulé :

"Comment réduire la souffrance animale lors de l’abattage rituel ou conventionnel ?"

MM. les prophètes, vous avez interdit la consommation de certaines viandes et/ou conditionné leur consommation à un rituel d’abattage particulier.

Vos fidèles ont religieusement suivi vos prescriptions.

Vos infidèles en suivent la voie également, à leur gré ou à leur insu.
Mais c’était sans compter les associations de défense des animaux !

La question de la viande « halal » échauffait les esprits et les groupes d’intérêts, inquiétait les candidats à la présidentielle et affolait les journalistes. Une formidable réduction de problématique s’opère autour de ces lignes, qui emprunte à la politique sa langue de bois en changeant de sujet, ou au journalisme sa perspicacité en passant furieusement à côté du sujet de fond.

Cet article occupe la quasi totalité de la page 10. Un fait important, supposera-t-on, du moins de ceux qui mobilisent, oh Dieu, bien d’honnêtes gens. En effet, nous parlons de 1 500 à 3 000 personnes déambulant quelques heures 5 jours plus tôt dans Nîmes. Nous voilà inquiets.

Un sujet important également, de ceux qui méritent une couverture au moins aussi importante. À n’en point douter, la souffrance animale réussissait jusqu’à présent l’exploit d’être à la fois le sujet le plus attendu par les Français mais aussi le plus absent de la campagne présidentielle. Nous voilà attentifs.

On nous disait que la viande halal excède la demande qu’elle suscite... Qu’à cela ne tienne, c’est aujourd’hui l’abattage sans étourdissement qui s’en occupe. On nous informe au surplus que c’est en dehors de tout cadre religieux que cette viande suit donc, au moins pour partie, le rite halal dans les abattoirs français. Nous voilà rassurés.

Lorsqu’un paragraphe suivant assimile directement l’abattage sans étourdissement aux rites halal ou casher, cela nous choquerait presque. On nous a dit que c’est afin d’économiser une chaine d’étourdissement couteuse que les abattoirs français n’estourbissent point. On nous a également dit que le seul fait de ne pas étourdir l’animal ne suffisait pas à observer les rites en question. Que nenni. Nous voilà furieux.

Enfin, on nous annonce « la vraie question que pose cette dérive en matière de protection animale » :"la souffrance des bêtes". Nous voilà, enfin, émus.

Nous passerons sous silence les colonnes suivantes détaillant très utilement et agréablement les méthodes d’étourdissement et d’abattage. Imaginer la moindre goutte de sang sur notre chère et brave Marguerite, que nous sommes heureux de retrouver dans nos boucheries sous l’appellation « Provenance française, » nous révulse. [1]

Pourquoi nos journalistes se donnent-ils autant de mal ?

Pour défendre le droit à la dignité dont jouit Marguerite ? Pourquoi ne pas le défendre jusque dans la poêle et l’assiette ?

Pour interpeller les candidats sur cette question qu’ils peinent à enterrer ? Pourquoi ne pas approfondir un sujet autrement plus préoccupant, comme les infâmes taupes menaçant l’espèce du lombric à poils longs de Patagonie ?

Pour donner un nouveau fondement aux juges afin d’interdire ces pratiques ? « Considérant la souffrance de la veuve Marguerite, renvoyons au Conseil constitutionnel l’examen du décret 70-886 de 1970 prévoyant des dérogations à l’obligation d’étourdissement » ?

Nous attendons avec l’impatience les échos retentissants que mérite cet article que nous rendons au Monde.

Don Quichotte


[1Prière d’associer à ces lignes l’ironie de leur auteur.

Prolongez la discussion

Le R&N a besoin de vous !
ContribuerFaire un don

Le R&N

Le Rouge & le Noir est un site internet d’information, de réflexion et d’analyse. Son identité est fondamentalement catholique. Il n’est point la voix officielle de l’Église, ni même un représentant de l’Église ou de son clergé. Les auteurs n’engagent que leur propre conscience. En revanche, cette gazette-en-ligne se veut dans l’Église. Son universalité ne se dément point car elle admet en son sein les diverses « tendances » qui sont en communion avec l’évêque de Rome : depuis les modérés de La Croix jusqu’aux traditionalistes intransigeants.

© 2011-2025 Le Rouge & le Noir v. 3.0, tous droits réservés.
Plan du siteContactRSS 2.0