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« Ils dirent : “Seigneur, voici deux épées.” Et il leur dit : “Cela suffit”. » Luc, 22:38.
Sancte Michael Archangele,Defende nos in proelio ;Contra nequitiam et insidias diaboli esto praesidium.Imperet illi Deus, supplices deprecamur :Tuque, Princeps militiae Caelestis,Satanam aliosque spiritus malignos,Qui ad perditionem animarum pervagantur in mundo,Divina virtute in infernum detrude.Amen
En guise de diptyque aux Diaboliques.
« Le chemin du Christ, rappelle ici Paysan breton, n’était pas pavé de roses, mais d’épines et de sang ». Doit-on pour autant pousser l’imitation du Christ jusqu’à oser prétendre qu’à travers Lui souffrant, nous devenons le Christ ? Souffririons-nous autant que Lui pour ne Le pouvoir défendre ? Non, il faut relire à ce sujet la Somme théologique (IIIa, Q.46, art.6). Lui seul fut crucifié, et se laissa crucifier pour nous. Nous avons les mains libres, Il nous les a laissées telles. Et il en fut ainsi, afin que nous Le défendions. La figure du Christ subit aujourd’hui des outrages. Encore. Mais ils sont plus fréquents et plus terribles en violence, ils humilient à répétition l’immense communauté chrétienne qui, dans sa tristesse, devrait surmonter ses dissensions et s’élever d’une seule voix contre l’irrespect et la haine. Or, quand bien même leurs motifs communs de désespoir devraient les porter spontanément à la domination du monde et à la mise en place d’un royaume meilleur, catholiques, orthodoxes et protestants sont plus divisés que jamais et davantage occupés à se quereller entre eux qu’à sauver l’honneur de leur Roi à tous. Ainsi, au lieu de faire front commun contre le blasphème, ils laissent le blasphème courir et préfèrent critiquer les méthodes auxquelles ont eu recourt les rares chrétiens qui ont osé s’y opposer.
La cathosphère, on le claironne partout, est en émoi depuis cet été. Le blasphème d’alors – le Piss Christ d’Andres Serrano – avait été défoncé à coups de masse par quatre jeunes individus d’une vingtaine d’années, toujours recherchés. Cette action radicale avait déjà suscité la polémique chez les catholiques eux-mêmes. Aujourd’hui, c’est Sur le Concept du Visage du fils de Dieu, une pièce de théâtre de Castellucci [1], qui se trouve perturbée par une dizaine de jeunes catholiques – là encore d’une vingtaine d’années notez-bien – de l’Institut Civitas. Prochainement, Golgota picnic [2] aura sans doute droit à une visite musclée, qui créera une nouvelle fois la polémique parmi les catholiques. Mais alors, la débauche, le blasphème, le sacrilège, la parodie, la duplicité, l’idolâtrie : ces six diaboliques resteront-elles toujours impunies ? Pourquoi ne punirions-nous pas, alors même que notre code pénal prévoit de punir les outrages faits aux hommes, les outrages faits au Christ ? Qu’y a-t-il de plus inintelligible qu’une justice qui sanctionne l’offense subie par un homme offensé et qui laisse impunies toutes les violences infligées au Christ ?
Je crois profondément que la polémique n’oppose pas seulement deux visions du catholicisme. Je crois qu’elle oppose en réalité et effectivement un catholicisme ardent d’une part, jeune et dynamique – la génération de Benoît XVI et dans une certaine mesure celle de Jean-Paul II –, un catholicisme de l’avenir qui est aussi le catholicisme primitif et éternel, le catholicisme de la Tradition, et un christianisme mou d’autre part, moderne et déjà vieux, celui de la génération Paul VI, exsangue et fatigué, œcuménique au sens stérile et consensuel [3]. La jeunesse a compris que, et l’essor et la vigueur du sang neuf des traditionalistes de la FSSPX, de la FSSP, de l’IBP, de l’ICRSP et d’une partie de la Curie romaine en témoignent, l’Église doit être ici-bas militante et non pas lénifiante et que la splendeur de la Vérité est souvent terrible. Veritatis splendor. Veritatis terror. Les chiffres du ministère de l’Intérieur en charge des cultes parlent d’eux-même : si Saint-Nicolas du Chardonnet est quantitativement la paroisse catholique la plus dynamique de Paris et de France chaque dimanche, il ne faut pas douter que le catholicisme pratiquant est majoritairement traditionaliste. Mais le catholicisme restant pluriel, il convient qu’il puise dans toutes ses ressources pour que nous remplissions chacun, à notre niveau, notre mission de chrétien.
Le combat intellectuel & le triomphe sur l’ignorance
Le combat réel & le triomphe sur Satan
Devrions-nous donc nous effacer, nous taire, dans l’espoir que les blasphèmes à répétition, lassés mais laissés impunis ne seront plus une valeur marchande si sûre qu’avant ? Ça s’appelle la collaboration et si vous prônez la modération, je prône le feu, car il n’est pas de vrai combat intellectuel qui ne se prolonge par des actes.
Sancte Michael Archangele,Defende nos in proelio ;Contra nequitiam et insidias diaboli esto praesidium.Imperet illi Deus, supplices deprecamur :Tuque, Princeps militiae Caelestis,Satanam aliosque spiritus malignos,Qui ad perditionem animarum pervagantur in mundo,Divina virtute in infernum detrude.Amen
[1] en représentation jusqu’au 30 octobre 2011 au Théâtre de la Ville puis du 2 au 4 novembre au 104
[2] Le spectacle intitulé « Golgota Picnic » sera à l’affiche du Théâtre du Rond-Point du 8 au 17 décembre 2011. Rodrigo Garcia en est le metteur en scène. De son propre aveu, il s’agit d’un travestissement « absolument impudique » des Saintes-Écritures. Sa thèse ? L’iconographie chrétienne serait « l’incarnation de la terreur et de la barbarie » puisqu’il déclare qu’avec elle « il est normal de violer des petits garçons ». Le Christ « terroriste » y est appelé « el puto diablo ». Et c’est nu que le médiocre Marino Formenti, chef d’orchestre, vient interpréter les somptueuses partitions des « Sept dernières paroles du Christ » du très catholique Haydn. Fin métapoéticien, ce metteur en scène « subversif » a eu l’idée géniale de panser les plaies du Christ crucifié avec des billets de banque et de recouvrir la scène de hamburgers (image subtile de la « multiplication des pains ») pour dénoncer le mercantilisme capitaliste que le Christ aurait mis en place. Ça s’appelle, en psychologie, un transfert : le metteur en scène dont l’appas du gain l’avilit jusqu’aux trottoirs de la bassesse, jusqu’aux caniveaux où il plante ses crocs d’avare, vilipende par transfert la logique dont il se sert en réalité pour faire sa pub. Et si vous avez le malheur de vous en indigner, voici sa réponse : « Mes pièces sont toujours mal reçues. Une bonne partie du public est bête… »
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