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[EX-LIBRIS] Jean-Claude Barreau : Liberté, Égalité, Immigration ?

Recension de l’ouvrage de Jean-Claude Barreau, Liberté, Égalité, Immigration ?, publié en janvier 2016 aux éditions de l’Artilleur. 160 pages.

Ancien directeur de l’Office des migrations internationales de 1989 à 1991, Jean-Claude Barreau fut conseiller de François Mitterrand, de Charles Pasqua puis de Jean-Louis Debré sur les questions d’immigration ainsi que président du conseil d’administration de l’Institut national d’études démographiques (INED).

Cet essai politique est un nouvel appel, bref et énergique, à mettre fin à cette immigration de masse et à revenir à la seule méthode ayant fait ses preuves en France pour gérer l’immigration : l’assimilation.

Une immigration de masse

Lorsque Jean-Claude Barreau révèle en octobre 1989 les chiffres de l’immigration légale (100 000 immigrés reçoivent alors chaque année une carte de séjour), cela provoque un véritable scandale. En 2014, ce nombre de cartes de séjours a été multiplié par deux [1] mais le nombre d’immigrés légaux est en réalité bien plus élevé car, du fait de l’UE, les ressortissants européens ne sont pas intégrés dans ces chiffres.

Il retrace à grands traits l’histoire de l’immigration en France dont l’intégration passait autrefois par l’assimilation ; la subversion du regroupement familial [2] ; le passage à une immigration de peuplement ; le changement de perception qui eu lieu après 1980 quand l’immigré remplaça l’ouvrier dans l’imaginaire de la gauche soixante-huitardarde, celle-ci n’ayant jamais pardonné aux ouvriers de ne pas l’avoir suivie en 1968.

Au terme de cette brève histoire, la conclusion s’impose : les flux actuels sont trop importants et il faut les limiter drastiquement. Pour cela l’auteur prend soin tout d’abord de discerner les véritables réfugiés, qui ont réellement besoin de l’asile, des autres, et dénonce cette immigration de masse qui appauvrit leurs pays de départ (prenant l’exemple des médecins étrangers qui viennent s’installer en France). Pour limiter l’immigration, il faut mettre en place une dissuasion forte, c’est à dire expulser réellement les clandestins et les demandeurs d’asiles déboutés. Et Barreau insiste, nous avons les moyens, y compris les moyens diplomatiques de mettre en place une telle politique.

Au delà des mesures proposées, il dénonce les comparaisons malvenues entre les expulsions et les rafles allemandes que font les militants immigrationistes, et plus largement la philosophie de la déconstruction et la novlangue dont ils font preuve. « Cette confusion entre la liberté du voyage, du stage, de l’étude et celle de l’établissement définitif des uns chez les autres est à la base de la bonne pensée immigrationiste » [3]. Un autre fameux contresens dénoncé dans l’ouvrage est celui d’“Indigènes de la République”, Les “Indigènes” étant au contraire ces Français présents en France avant l’arrivée des immigrés. Il exprime par ailleurs son désaccord avec « l’expression “Français de souche”, à connotation ethnique, à bannir et à remplacer justement par l’expression “Indigènes de France” » [4].

« L’immigration, en majorité musulmane, pose bien plus de problèmes que l’ancienne immigration, en majorité chrétienne »

Revenant sur sa propre expérience, et sa connaissance de pays musulmans (lors de postes en pays étrangers ou de voyages), il rappelle comment la publication de De l’Islam en général et du monde moderne en particulier fut en 1991 la cause de son limogeage et révèle à l’occasion de ce témoignages qu’à l’époque ou il était conseiller de François Mitterrand, celui-ci lui avait avoué un jour : « Je me sens très mal à l’aise dans une mosquée et avec l’islam en général » [5].

Le lien entre l’Islam et l’immigration actuelle est clair. Que les spécialistes de l’immigration (Barreau, comme Michèle Tribalat en sont deux exemples) en viennent aussi à écrire sur les problèmes que posent en France un Islam démonstratif le montre assez bien.

« Aujourd’hui, l’immigration, en majorité musulmane, pose bien plus de problèmes que l’ancienne immigration, en majorité chrétienne. Ce n’est pas être xénophobe ou raciste de le dire. C’est avoir les yeux ouverts. Pour cette raison, l’immigrationisme actuel est aveuglément islamophile » [6]. Et l’une des conséquences que la gauche refuse de voir en face : « L’antisémitisme en France est très souvent le fait de nombreux enfants issus de l’immigration » [7].

« Le but caché de l’UE est de détruire les nations »

Un autre axe majeur de cet essai est la défense de la Nation. L’idée n’est pas nouvelle chez Barreau qui publiait en 2012 Sans la Nation, le chaos. L’aveuglement des élites, plaidoyer contre la mondialisation et critique envers l’américanisation de l’Europe et le rôle néfaste de l’UE.

« Le but caché de l’UE est de détruire les nations » [8] affirme-t-il, et cette disparition des nations est une des causes profondes des graves problèmes d’intégration des nouveaux immigrés. Toute la dernière partie de l’essai s’en prend violemment à l’UE, la classe dirigeante actuelle y est décrite comme « immigrationiste, elle méprise les indigènes et voudrait “changer de peuple” comme l’avait prescrit Bertolt Brecht ; fascinée par la finance, européiste, très peu patriote, elle est idéologue, molle et souvent cynique » [9].

L’assimilation n’est possible qu’au sein d’une nation, d’une identité et d’une histoire

Les Français seraient racistes. Cette affirmation de Valls fait bondir Barreau, qui affirme qu’au contraire, le peuple français est le moins raciste au monde. Comment expliquer alors ces regains de tensions depuis deux décennies ? Le “Vivre ensemble” : « cette antiphrase ne signifie pas “être concitoyens” mais au mieux “éviter de se tuer les uns les autres”. On parle de “vivre-ensemble” quand il n’existe plus » [10].

Par le passé, en devenant français, un immigré épousait l’histoire de France, la faisait sienne. Cet attachement à l’histoire plurimillénaire de la France, à sa culture, est essentiel pour permettre une intégration des nouveaux venus. Comment intégrer en effet si nous n’avons plus rien à offrir ? Restaurer des frontières, instaurer un état sécuritaire ne pourra fonctionner. « Quand la République était forte, les musulmans s’y intégraient aussi bien que les autres. L’islam est rude, guerrier et il respecte la force. La force morale, non la force des armes qu’il ne craint nullement puisqu’il est aussi une fabrique de martyrs » [11]. Il nous faut retrouver les valeurs françaises et une vraie fierté française pour qu’une assimilation “paisible” [12] puisse avoir lieu.

Les critiques envers la gauche fleurissent tout au long de l’ouvrage (on remarque d’ailleurs que le Front national et l’extrême-droite sont fort peu critiqués). « L’école publique, jadis facteur d’unification, a renoncé à son rôle d’unité sous l’action imbécile de néo-pédagogues au jargon moliéresque. De tout temps le maître était le centre de l’école. "L’enfant centre" est un tragique contre sens » [13]. Le service civique, qui fait l’impasse sur la notion même de Nation et de défense de la nation est lui aussi décrié. Barreau lui préfère le rétablissement d’un véritable service militaire.

Cette défense de l’assimilation par l’auteur est ancienne. En 1992 déjà, dans De l’immigration en général et la nation française en particulier, l’analyste de l’immigration en France défendait cette thèse. L’auteur était alors persuadé que l’assimilation était encore tout à fait faisable et la culture française forte. Les choses ont bien empiré depuis, et l’on sent que l’optimisme de l’époque n’est désormais plus présent chez l’auteur. Une question n’est cependant pas posée dans cet essai : cette assimilation est-elle encore possible au vue du très grand nombre d’immigrés non intégrés désormais présents en France ?


[1p.30.

[2p.76.

[3p.105.

[4p.34.

[5p.29.

[6p.85.

[7p.10.

[8p.12.

[9p.149.

[10p.68.

[11p.111.

[12p.93.

[13p.89.

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