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C’est un fait établi, les Français croient de moins en moins en Dieu. En 2011, l’agence Harris effectuait un sondage intéressant sur les croyances religieuses des Français. Seuls 36% croyaient en Dieu, 34% n’y croyaient pas, le reste n’étant pas affirmatifs sur la question. Le plus drôle [1], c’est que seuls 48% des catholiques disaient croire en Dieu… [2] Bref, ça commence déjà très fort ! Je bouillonne déjà d’une colère saine en écrivant ces lignes...
Je vois les plus athées de mes amis sourire… Les flammes de la raison auraient enfin lui sur la face du monde ! La science aurait illuminé les hommes, et les aurait tournés vers le progrès humain, horizon indépassable de la vie-bonne, dans une société toujours plus ouverte, libre et métissée... Enfin résumons : la concrétisation de toutes ces vieilles lubies humanistes…
Je suis au regret de jouer, une fois de plus, les rabat-joie, mais l’ère de la raison s’est achevée avec celle de la religion. Comme le disait Chesterton, que j’aime à citer, « le jour où les hommes cesseront de croire en Dieu, ils ne croiront plus en rien, mais en n’importe quoi ». Je laisse les illettrés dire « de toute façon, Dieu, c’est n’importe quoi », Cet argument étant à l’intelligence ce que le nanar est au cinéma. Il témoigne au mieux d’une ignorance crasse ou au pire de la stupidité la plus manifeste. En effet, si les effets des astres sur nos vies, ou la proche fin du monde ne sont pas prouvés, ni prouvables, l’existence de Jésus de Nazareth est un fait attesté par tous les historiens sérieux… Alors d’un côté on a une hypothèse basée sur des restes de paganismes, et de l’autre, on a un fait historique avéré. La résurrection est certes du domaine de la Foi, mais avouez quand même qu’entre des phénomènes astrologiques réfutés par la science et un fait qui n’a jamais été infirmé, il existe un fossé que jamais la raison ne pourrait combler.
Mais n’entrons pas dans ce débat stérile, qui de toute façon ne convaincra personne… Le fait est qu’aujourd’hui, les gens croient davantage dans leur horoscope qu’en Dieu. Au cours d’un dîner, j’entendais en décembre une dame me dire très sérieusement que c’était prouvé que le thème astral influait vraiment sur la vie des gens… Bref…
En tout cas, il suffit de lire Fénélon pour comprendre que la raison n’a aucune prise sur des esprits bien faibles :
« Il n’est rien de plus fâcheux que de voir beaucoup de personnes, qui ont de l’esprit et de la piété, ne pouvoir penser à la mort sans frémir ; d’autres pâlissent pour s’être trouvées au nombre de treize à table, ou pour avoir eu certains songes, ou pour avoir vu renverser une salière ; la crainte de tous ces présages imaginaires est un reste grossier du paganisme. Faites-en voir la vanité et le ridicule ».
Ecrits en 1687, ces mots résonnent aujourd’hui avec la tonitruance d’une corne de brume sur la côte bretonne. Vous avez en effet sans doute entendu le dernier délire de nos tristes contemporains : la fin du monde en 2012. Alors on ne croit pas en Dieu, mais on croit dans les calculs d’une tribu de bonshommes en pagne et probablement à moitié cannibales, qui vivaient en Amérique centrale au IXe siècle… Pardon, on ne croit pas en Dieu, mais on mélange allègrement eschatologie judéo-chrétienne à un calendrier païen. Je rappelle à ces gens qu’il n’y a pas d’idée de début ou de fin dans le paganisme. L’Histoire ne présente aucun but ultime, ni dans les religions traditionnelles ayant eu cours en Europe, ni dans la civilisation Maya. Pour ce charmant peuple, la fin d’un calendrier signifie tout simplement qu’il faut le reprendre au début… Quand l’ignorance se mêle à la bêtise et à la peur millénariste, il ne faut s’étonner de rien… Alors les gens effectivement ne croient plus en un Dieu dont l’Eglise a apporté la rationalité, mais dans un peuple dont ils ne connaissent pas plus la culture que moi, et vont de fait acheter, paniqués, des terrains dans un village du sud de la France afin de conjurer le mauvais œil… Tout va bien, madame la marquise ! En ce qui me concerne, je pense que ces cas relèvent de la psychiatrie... Enfin passons. Il ne reste plus qu’à ajouter une prédiction de Paco Rabanne par-dessus, et le tableau sera complet. Imaginez une invasion de mantes religieuses géantes s’accouplant avec des êtres humains avant de les dévorer, le tout en instaurant une société bien laïque sur fond de Tour Eiffel servant de nid de guêpes mangeuses d’yeux, et de troupeaux de géants s’abreuvant dans le Mississippi après avoir réduit en cendres les ranchs texans… L’incohérence ne me fait pas peur ! Et puis on pourrait ajouter des extraterrestres venus prendre possession des prémolaires humaines pour améliorer la portance de leurs vaisseaux, et des pluies de météorites déclenchant des éruptions volcaniques catastrophiques et provoquant la disparition des forêts et la réélection de Nicolas Sarkozy... [3] Il y a là de la matière pour un prochain nanar hollywoodien, je veux bien en écrire le scénario, ça me permettra de payer ma voiture.
Si Usbek et Rica revenaient, que pourraient-ils dire ? Leur description de la Païenté [4] que représente l’Europe d’aujourd’hui pourrait être fort amusante. Ils dépeindraient un monde d’ignares, de païens à demi-chrétiens, mais refusant de l’admettre, se complaisant dans un synchrétisme scientificisé, abreuvé de films débiles alimentant un catastrophisme global. Il aura tout de même fallu que la NASA mette en ligne une vidéo pour calmer les esprits, paniqués par l’éventualité d’une collision avec une autre planète ! Le millénarisme catastrophiste atteint des sommets dans l’échelle de la sottise. Définir mathématiquement quand sera la fin du monde… Non mais quelle blague ! Je ne crois pas que la raison divine s’embarrasse de considérations mathématiques. En même temps, je ne prétends pas connaître les desseins du Maître de l’univers…
« La foi et la raison sont comme deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité », écrivait le pape Jean-Paul II en 1998. Eh bien sans plus de foi et encore moins de raison, qu’allons-nous devenir ? Chesterton avait bel et bien raison !
[1] enfin c’est pas à mourir de rire, non plus
[2] Notez que ces gens qui se disent catholiques n’ont pas franchement compris ce que veut dire être catholique...
[3] Non, Haroun Tazieff ne m’a pas aidé à écrire cet article...
[4] ©Carl Moy-Ruifey
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