Nouvelles Causeries japonaises — Effet Hollande et effet Hatoyama

Nouvelles Causeries japonaises

V — Effet Hollande et effet Hatoyama

Les Japonais ont ceci d’extraordinaire qu’ils font preuve malgré eux d’un bon sens et d’une perspicacité détonants. Si un Français se permettait de raconter la même chose devant un de ses cons citoyens, il se ferait écharper et passer à la guillotine aussi sec...
Alors que je parlais de politique française avec un Japonais, ce dernier m’apprit tout de go que les grandes figures du monde avaient prié pour l’élection du candidat sortant, afin d’éviter une calamité capable de défaire le fragile équilibre européen. Pour lui, il n’était même pas question de couleurs politiques, mais d’un programme et d’un discours dont l’ensemble, jusqu’à la moindre ligne hollandiste, était aberrant et complètement irréaliste. Je lui ai ensuite expliqué que cette aberration, devenue président, avait tout de même réussi l’exploit de tomber à quinze pour cent dans les sondages de popularité, et de provoquer des manifestations massives comme jamais, ayant permis une prise de conscience sans précédent chez beaucoup de monde. Il est finalement apparu que le rejet dont souffre Hollande était international avant même son élection, puis intérieur.
Soit dit en passant, le lecteur aura certainement remarqué que, derrière la honte pour le Français d’avoir un baka-san [1] à la tête de l’État – mais nous pouvons être consolés car il n’est que président de la République et se trouve loin d’être quoi que ce soit pour la France si ce n’est son fossoyeur –, le Japonais en question et, si ses dires sont exacts, un certain nombre d’officiels dans le monde, nous honorent de leur inquiétude de voir la France dans un mauvais état : notre pays possède encore assez de prestige pour que sa déstabilisation et sa politique soient un réel sujet d’inquiétude. Ne gâchons pas les dernières forces que possède notre royaume millénaire !

La discussion avançant, notre Japonais met sur la table un exemple analogue pour le Japon d’un Baka-san nommé Hatoyama, Premier ministre Japonais il y trois ans environ. Toute proportion gardée – c’est-à-dire en se souvenant que la gauche japonaise se place, si cela avait un sens, plus à droite que notre extrême-droite –, le parti le plus aberrant du Japon fut élu sur des promesses bien politiciennes et vides. Les Japonais, sujets aussi parfois à la faiblesse toute démocratique, élurent Hatoyama à moitié pour sanctionner les précédentes politiques menées dans l’archipel, à moitié par embobinage – merci les beaux discours... Le choc fut rude.
Notre Japonais appelait ce choc « l’effet Hatoyama » : grâce à la montagne-pigeon [2], les Japonais ont été vacciné, pour longtemps espérons-le, contre les promesses vides et irréalistes. Ils sont revenus, depuis, vers un « parti » historique qui ne fait pas particulièrement rêver et donne le spectacle de scandales réguliers. Cependant, au moins, sa politique est réaliste – tant qu’il ne s’agit pas de céder au jeu démocratique.
Nous subissons désormais, chez nous, l’effet Hollande. Il pourrait s’apparenter à un choc allergique au plus haut degré, qui, s’il ne nous tue pas, devrait avoir un effet restaurateur inimaginable. Il faut du moins prier pour cela.

À force de prendre des vessies pour des lanternes, apanage de la démocratie représentative, il ne faut pas s’étonner que l’on nous fasse avaler des substances peu ragoûtantes.

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