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Comme nous avions de la sympathie pour lui, nous étions allé nous promener sur une notice biographique de l’abbé Guillaume de Tanoüarn, breton et catholique comme nous, pour en savoir plus. En tant que prêtre traditionaliste, il nous semblait là que nous avions affaire à un homme intéressant en Église. D’autant plus que nous l’avions maintes fois entendu sur Radio Courtoisie nous parler de Dieu et des hommes. Et nous sommes tombé sur cette phrase « Je m’oppose à quelque forme que ce soit de racialisme et même de communautarisme » [1]. Déception ! Non, évidemment, sur le thème du racialisme mais sur celui du communautarisme.
Voilà qui ne laisse pas d’étonner, en effet, de la part d’un homme qui, au sein de l’Institut du Bon Pasteur, vit en communauté et représente une sensibilité extrêmement minoritaire au sein de notre sainte Église. Comment, en tant que prêtre, monsieur de Tanoüarn peut-il reprendre à son compte ce vieux poncif utilisé par la République pour couper des têtes dès qu’une particularité fait jour ?
Associée à la Libre Pensée, cette thématique du communautarisme a surtout eu des heures « lumineuses » lors des années 2000 lorsqu’il s’agissait d’attaquer les minorités religieuses -surtout l’Église en fait- et nationales –alsacienne, basque, bretonne, catalane, corse…- du territoire hexagonal au nom de la laïcité et de l’une-et-indivisibilité de la République. Thème chevènementiste, mélenchonien ou lepéniste, en un mot jacobin, qui a débouché sur des « observatoires du communautarisme », des discours répugnants sur la prétendue supériorité de l’ « esprit »des « Lumières » sur les patries enracinées et les hommes de Foi.
Les communautés, en effet, font peur aux hommes de la déesse Humanité, aux frères trois-points qui voudraient étendre leur influence sur tous ; ce qui nécessite que tous les comprennent, parlent la même langue qu’eux et partagent les mêmes idéaux qu’eux. Ils sont gênés aux entournures par l’Église et les nations d’Europe qui sont un frein à ce projet diabolique…Rappelons-nous la dernière assertion de Nicolas Sarkozy : « Je veux m’opposer à toute dérive communautariste parce que cette dérive ruinerait des siècles d’efforts et de sacrifices pour nous construire un État, une Nation, une République dont nous pouvons être fiers et dont nous tirons notre force et notre intelligence collective. » [2] Voilà qui est dit, la lutte contre le communautarisme pour défendre les idoles républicaines et l’avènement d’un dieu qui n’est pas le nôtre…
Pour nous, Chrétiens catholiques, rien de plus naturel et humain que d’être d’une famille, d’une patrie, d’une Église. D’être d’une communauté d’hommes et non un soixante-cinq millionième, ou moins encore, d’une entité abstraite nommée République Française. Rien de plus naturel que de défendre la communauté en se réappropriant ses valeurs, ses signes distinctifs, contre le conformisme, l’anomie, l’appauvrissement du monde, la laideur. Voilà qui fait voir rouge aux zélateurs du Malin, rien que de très normal en soi…
Sans doute nous rétorquera-t-on qu’être d’une communauté n’est pas faire acte de communautarisme, qu’on peut aimer la vie communautaire sans aimer le communautarisme. Ce à quoi nous répondrons aisément qu’on ne peut être d’une communauté sans s’affirmer en public et donc être reconnaissable en société, différent du reste, de la masse informe des moyennisés sur le modèle coca-télé-athéisme. Porter une croix sur son torse, parler breton en public sont des attitudes agressives pour une majorité de Français à qui on a martelé inlassablement les mythes jacobins, conditionnés à être cet homme unique de Lille à Marseille, de Brest à Strasbourg, interchangeable, prêt à l’emploi, cet homme moyen dont parlait déjà George Bernanos en 1938, dans Les grands cimetières sous la lune. Être un homme digne est, en effet, un acte politique. A moins d’être rien du tout, un de ces homme-machines, on n’est pas à l’abri d’être taxé de communautarisme ; ce qui n’est pas une insulte, évidemment. Être d’une communauté, c’est être d’une Cité, dans la politique, c’est participer à la vie communautaire, être communautariste. C’est ça ou être uniformiste, conformiste, indifférentialiste, 1984iste.
Comment un homme d’Église comme Guillaume de Tanoüarn peut-il se fendre d’une telle humeur quand on sait que le Christ nous appelle toujours à fonder des familles, des communautés, à affirmer notre Foi en notre langue ? Concrètement, que dit le Christ ? Foison nous est donnée sur cette thématique dans les Écritures Saintes mais nous n’avons retenu que les textes qui nous semblent les plus connus et significatifs, là où figurent des ordres christiques facilement appropriables dans notre vie pratique. Qu’on nous pardonne donc l’interprétation de ces textes, nous cherchons l’efficacité en Christ.
Rejet de l’uniformisation et affirmation de Dieu en public : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère ; et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison » (Evangile selon saint Matthieu 10, 34-36).
Invitation à s’affirmer dans ses caractéristiques profondes : « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n’est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Évangile selon saint Matthieu, 5, 13-16).
Voilà qui devrait faire comprendre que lorsqu’on est de la communauté du Christ, on se doit de l’affirmer, « être ostentatoire » comme on dit, ne surtout pas craindre de gêner ceux qui ne partagent pas notre Foi. Nous n’y voyons rien d’autre que la volonté de ne pas succomber à l’ordre du monde et l’envie partagée de suivre les lois de la communauté des hommes de bonne volonté.
Quant à ceux qui comme moi, sont issus de nations minoritaires, n’oubliez pas que nous devons utiliser notre langue car, contrairement à ce que dit Mélenchon, le français n’est pas la langue supérieure de l’Humanité, la « langue de la liberté » [3], qu’il n’y a rien qui n’est plus contraire à l’esprit d’humilité qui mène à Dieu que cette volonté d’anéantir les communautés au nom d’espérances planétariennes (cf. épisode de la Tour de Babel) et les apôtres ne prêchèrent jamais mieux qu’en langues lors de la Pentecôte. C’est donc une nécessité salvifique autant qu’apostolique que de s’approprier les insignes de notre communauté car nous ne voulons pas être les supplétifs indifférenciés des troupes du veau d’or...
Affirmons notre nature profonde, au nom de Dieu, de la Terre et des Morts, notre Foi, notre appartenance !
Vive le communautarisme !
Bevent Doue ha ma bro !
Katolikon
[1] Numéro 87 de la revue Pacte, septembre 2004
[2] Discours de Marseille en date du 19 février 2012
[3] Discours de Brest, devant un parterre de communistes apatrides, novembre 2011
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